– Guerre 1914-1918
Les ENFANTS de COMPAINS
Morts pour la France
Pour honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie au combat et raviver les souvenirs de leurs descendants, nous poursuivons notre recherche sur l’histoire du village sous un angle plus contemporain en évoquant le sacrifice des enfants de compainteyres Morts pour la France durant la Première Guerre Mondiale. Cette liste a été établie entre 1922 et 1929 par l’administration des Anciens Combattants.
Ce sont 37 jeunes, nés à Compains ou vivant dans son environnement proche, qui perdirent la vie, tués à l’ennemi ou morts des suites de leurs blessures entre 1914 et 1918. Ce chapitre est un hommage à leur sacrifice auquel nous associerons nos deux oncles, Victor Boyer, Mort pour la France en 1916 et Edouard Boyer, deux fois blessé, prisonnier et décoré de la Croix de Guerre en 1917. C’étaient les fils de Jean Boyer né à Compains dans la maison du Cougny et d’Annette Jourde, née au hameau de Boutaresse dans la commune de Saint-Alyre-ès-Montagne.
Sources
La recherche s’est appuyée sur les deux lieux de mémoire de la commune de Compains où fut apposée une plaque commémorative : l’église Saint-Georges et le Monument aux Morts. Ces deux listes ne sont pas identiques.
Sur le site du Ministère des Armées, Mémoire des Hommes a fourni les données que nous détaillons ci-après, issues des fiches rassemblées dans la base des Morts pour la France de la Première Guerre Mondiale et la base des Sépultures de guerre qui, pour le moment, donne très peu de résultats. Les chiffres des recensements et les données issues de l’état civil proviennent des fonds numérisés par les Archives départementales du Puy-de-Dôme. L’histoire des régiments, que nous ne faisons qu’évoquer, est notamment documentée sur Gallica. Nous utiliserons ultérieurement les registres matricule.
Les familles dont un combattant figure dans la liste ci-dessous qui souhaiteraient ajouter un détail ou faire figurer sur ce site la photographie en uniforme d’un des soldats cités ci-après mort pendant la Grande Guerre peuvent me faire parvenir renseignements et/ou photographies à l’adresse suivante : amgouedard@free.fr
PLAQUE COMMÉMORATIVE dans l’ÉGLISE SAINT-GEORGES
Apposée dans l’église sur le mur nord de la nef, une plaque porte le nom de 37 morts de la Grande Guerre, pour la plupart nés à Compains. Elle fut apposée en 1921 en attendant la construction du monument aux morts, probablement achevé avant 1925, année où 35 000 communes de France avaient fait construire leur monument. Les combattants y sont inscrits chronologiquement, suivant l’année de leur décès, avec quelques inexactitudes.
Le véritable ordre chronologique des décès a été rétabli dans la liste ci-dessous. Les prénoms qui figurent sur la plaque ne correspondent pas toujours a ceux de la fiche de Mémoire des Hommes où a été privilégié le ou les prénoms de l’acte d’état civil. Dans ce cas, le prénom qui figure sur la fiche Mémoire des Hommes a été restitué entre parenthèses. En outre, nous avons tenté d’enrichir la fiche de chaque combattant de renseignements glanés sur le site du Ministère des Armées avec, en particulier le lieu d’inhumation des combattants, très rarement documenté pour l’instant par le ministère, il faut le déplorer. Des Archives départementales du Puy-de-Dôme proviennent l’état civil du soldat, son mariage éventuel ainsi que des extraits du registre matricule (rares pour le moment) ; On notera enfin que plusieurs soldats nés à Compains avaient émigré car, pour certains, le lieu de transcription de leur dossier a été fait à Paris, Clermont-Ferrand, Besse ou Meaux.
Plaque commémorative apposée dans l’église Saint-Georges
L’inauguration de la plaque commémorative de l’église
C’est solennellement et en présence de tous les villageois réunis dans leur affliction que fut inaugurée la plaque commémorative inaugurée en novembre 1921 dans la nef de l’église Saint-Georges.
Article extrait de La croix d’Auvergne, 20 novembre 1921
L’ordre chronologique du décès des combattants a été rétabli.
1914
COHADON Antonin – Déclaré mort en 1915 sur la plaque commémorative de l’église. Nous le replaçons ci-dessous en 1914, conformément à la date de sa mort sur la fiche de Mémoire des Hommes.
Né le 8 septembre 1889 à Compains, fils de Louis Cohadon, 52 ans, et Marguerite Crégut, 35 ans, cultivateurs à Cureyre (com. Compains). Marié avec Anne-Marie Montel le 19 avril 1913 à Saint-Donat (P.-de-D.) – Soldat de 2e classe au 16e régiment d’infanterie (dit ci-après R.I.). Mort pour la France le 19 août 1914 à 24 ans, à Sarrebourg-Brouderdorff (Moselle), lors de la bataille de Lorraine-Sarrebourg. Lieu de transcription du décès : 22 juillet 1920 à Pantin. Sépulture : ossuaire de la nécropole nationale de Brouderdorff (Moselle).
La transcription du décès d’Antonin Cohadon à Pantin (ancienne Seine-et-Oise, aujourd’hui Seine-Saint-Denis), montre qu’il avait probablement émigré en région parisienne. Son frère, Jean Cohadon, mourra lui aussi au combat en 1918.
COUDERT Jean-Baptiste – Né le 11 avril 1892 à Compains, fils de Jean-Paul Coudert, 26 ans et de Catherine Blancher, 30 ans, cultivateurs à Belleguette au Moulin-Perrot (com. Compains) – Soldat au 105e R.I. Mort pour la France le 21 août 1914 à 22 ans, à Abreschviller (Moselle), tué à l’ennemi lors de la bataille de Lorraine-Sarrebourg. Lieu de transcription du décès : le 10 juillet 1920 à Compains.
Le 21 août 1914, jour de la mort de Jean-Baptiste Coudert, le 105e R.I. combattait par une chaleur torride dans la région de Badonvillers (Meurthe et Moselle). Les Allemands avaient attaqué à 7h30 en direction de Voyer-la-Valette. L’ennemi, équipé de mitrailleuses, fut chargé à la baïonnette par les Français faisant de lourdes pertes.
VERDIER Emmanuel (Léon-Emmanuel) – Né le 27 décembre 1889 à Compains, fils de Jean Verdier, 55 ans, et Marguerite Bapt, 21 ans, cultivateurs à Chaumiane (com. Compains) – Caporal au 28e bataillon de chasseurs alpins. Mort pour la France le 7 septembre 1914 à 24 ans, à La Chapelle, Hôtel du Lac Blanc, suite à des blessures de guerre reçues à Orbey (Haut-Rhin). Lieu de transcription du décès : 6 août 1920 à Compains.
Cousin germain de Pierre Verdier (voir ci-dessous).
CROZET Jean – Né le 5 juillet 1884 à Compains, fils de Philippe Crozet, 36 ans, cantonnier au bourg, et Marie Morin, 35 ans. Marié le 17 aout 1907 avec Marie-Antoinette Moigaud à Clermont-Ferrand – Soldat de 2e classe au 238e R.I. Mort pour la France le 17 septembre 1914 à 30 ans de ses blessures de guerre à l’hôpital de Chartres. Lieu de transcription du décès : Clermont-Ferrand.
MONESTIER Joseph (Michel-Joseph) – Né le 5 avril 1885 à Bagnols (P.-de-D.), fils de Guillaume Monestier, 36 ans, et Antoinette Boyer, 38 ans, de La Rodde (P.-de-D.), cultivateurs. Marié à Compains le 7 septembre 1912 avec Mélanie Morin de Belleguette – Soldat au 305e R.I. Mort pour la France le 20 septembre 1914 à 29 ans à Fontenoy (Aisne), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : 2 mai 1915 à Compains.
Joseph Monestier fut tué lors d’une contre-offensive allemande engagée du 17 au 21 septembre contre les forces anglo-françaises qui tenaient un front d’une centaine de kilomètres en Picardie. Alors qu’il tombait une pluie “torrentielle” qui rendait la marche des soldats pénible et qu’on manquait de munitions, les Allemands attaquèrent dans la nuit du 19 septembre.
VERDIER Pierre (Pierre-Jean-Antoine-Philippe) – Né le 19 décembre 1886 à Compains, fils de Jean Verdier (53 ans) et de Françoise Bapt (24 ans), cultivateurs à Chaumiane (com. Compains). Marié à le 23 septembre 1913 avec Denise-Octavie Morin – Caporal au 70e bataillon de chasseurs alpins. Mort pour la France le 2 octobre 1914 à 27 ans dans l’ambulance de Raon l’étape (Vosges) suite à ses blessures de guerre. Lieu de transcription du décès : 15 août 1915 à Compains.
Cousin germain d’Emmanuel Verdier (voir ci-dessus).
1915
L’année 1915 fut la plus meurtrière pour les enfants des compainteyres : on compta 14 morts. Deux soldats du 158e R.I. décédés le même jour, l’un de Compains (Jean Verdier), l’autre de Besse (Alphonse Maillet), sont inscrits côte à côte sur la plaque commémorative de l’église. Un troisième, Jean-Raymond Blancher, combattit sur un théâtre d’opération éloigné, en Turquie et mourut lors de l’opération des Dardanelles.
MORIN Jacques (Jacques-Arthur) – Né le 9 mars 1894 à Compains, fils de Jean Morin, 36 ans, et de Marie Rabany, 29 ans, cultivateurs à Chandelière (com. Compains) – Soldat au 5e régiment d’infanterie coloniale. Mort pour la France le 5 janvier 1915, à 20 ans, tué à l’ennemi au Bois de la Grurie (Marne). “Dernier domicile à Compains”, selon la fiche de Mémoire des Hommes où n’est indiqué aucun lieu de transcription du décès.
DIF Lucien – Né le 23 mai 1891 à Compains, fils de Joseph-Michel Dif, 28 ans, et de Françoise Charbonnel, 27 ans, cultivateurs au bourg de Compains. Soldat de 2e classe au 13e bataillon de chasseurs alpins. Mort pour la France le 20 janvier 1915 à 23 ans à Hartmannswillerkopf (Haut-Rhin), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : le 7 juin 1915 à Compains.
Après la bataille du Hartmannswillerkopf, de janvier à mars 1915, le 13e B.C.A. fut cité à l’ordre de la 66e division, puis à l’ordre de l’armée des Vosges.
COHADON Antonin – Mort en 1914. Voir ci-dessus.
TARTIERE Octave – Ne figure pas en 1915 dans Mémoire des Hommes avec le prénom Octave. Par contre, on trouve en 1916 Tartière Jean-Amédée, né à Compains, mort le 6 février 1916. Octave était probablement son prénom usuel sous lequel il est inscrit sur la plaque de l’église. Voir en 1916.
DANGLARD Auguste – Né le 30 novembre 1882 au Valbeleix, fils de Pierre Danglard, 37 ans, et de Marie Tartière, 38 ans, cultivateurs à Vauzelle (com. du Valbeleix). Marié le 2 février 1907 avec Fulvine Tissandier à Paris 15e – Soldat au 158e R.I. Mort pour la France le 16 mars 1915 à 32 ans lors des combats de Notre Dame de Lorette (Pas de Calais), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : le 2 décembre 1920 à Paris, 15e .
BLANCHET Raymond – Orthographié dans les Morts pour la France : BLANCHER Jean-Raymond – Né le 23 janvier 1889 à Compains, fils d’Antoine Blancher, 26 ans, et Marie Martin, 23 ans, cultivateurs au bourg de Compains – Soldat au 175e R.I. Mort pour la France le 8 mai 1915, à 25 ans, à Seed-Ul-Bahr (Turquie), suite à ses blessures de guerre. Lieu de transcription du décès : le 20 mai 1920 à Compains.
Jean-Raymond Blancher est mort pendant la campagne des Dardanelles qui, du 18 mars 1915 au 9 janvier 1916 opposa l’Empire Ottoman aux troupes britanniques et françaises débarquées dans la péninsule de Gallipoli (Turquie). La bataille de Sedd-Ul-Bahr (le château de l’Europe), à l’entrée sud du détroit des Dardanelles, se déroula du 25 avril au 4 mai 1915. Le 175e R.I. où était incorporé Jean Blancher avait débarqué le 27 avril au soir dans la baie de Morto avec pour mission de tenir la pointe d’Eski-Hissarlick. Le débarquement réussit et le 175e put attaquer le 28 avril à 6 h 45. Les 1er et 2 mai, des contre-attaques turques furent repoussées avant que ne s’installât une guerre d’usure. Jean Blancher ne fait pas partie des combattants identifiés parmi les 20 000 morts du cimetière militaire de Gallipoli.
MAILLET Alphonse – Né le 20 octobre 1885 à Besse, fils de François Maillet, 29 ans, et Jeanne Besserre, 23 ans, cultivateurs à Besse (P.-de-D.). Marié le 13 novembre 1913 à Compains avec Marie-Thérèse-Françoise Blanchet – Soldat de 2e classe au 158e R.I. Mort pour la France le 15 mai 1915 à 29 ans lors des combats de Noulette (Pas-de-Calais), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : le 8 septembre 1915 à Compains.
Mort dans le même régiment et le même jour que Jean Verdier qui suit.
VERDIER Jean – Né le 21 janvier 1884 à Compains, fils de Pierre Verdier, 59 ans, et Anne Chaleil, 28 ans, cultivateurs à Brion (com. Compains) – Soldat au 158e R.I. Mort pour la France le 15 mai 1915 à 31 ans à Noulette (Pas de Calais), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : le 8 septembre 1915 à Compains.
TARTIERE Victor (Jean-Victor) – Né le 22 février 1889 à Compains, fils de Eugène-Jean-Baptiste Tartière, 24 ans, forgeron au bourg et Elisabeth Monier, 23 ans, couturière – Soldat de 2e classe au 42e R.I. Mort pour la France le 16 juin 1915 à 26 ans, tué à l’ennemi à Puisaleine Quennevières (Oise). Lieu de transcription du décès : le 7 août 1915 à Compains.
La ferme de Quennevières (commune de Moulin-sous-Touvent, Oise) fut le théâtre de violents combats en juin 1915 sur le plateau de Touvent. On y trouve un petit mémorial et de nombreuses plaques apposées sur ses murs pour rappeler les combats de 1915. La bataille de Quennevières fit plus de 10 000 victimes côté français et 4000 côté allemand (morts, blessés, disparus) pour un gain d’environ 1200 mètres de front sur une profondeur de 100 à 600 mètres enlevés par les français.
TOURNADRE Victor (Jean-Victor) – Né à Compains le 29 mai 1894, fils de Marie Tournadre, 42 ans, cultivatrice à Escouailloux (com. Compains) – Soldat de 2e classe au 37e R.I. Mort pour la France le 16 juin 1915 à 21 ans, tué à l’ennemi à Neuville Saint-Vaast (Pas-de-Calais). Lieu de transcription du décès : le 18 octobre 1921 à Compains.
Située sur le front de l’Artois, la commune de Neuville-Saint-Vaast a été totalement détruite lors des combats de 1915. Une immense nécropole nationale française (plus de 12 000 sépultures) y est implantée à l’entrée du hameau de La Targette, au nord d’Arras.
GUITTARD Michel (Paul-Michel) – Né le 26 janvier 1884 à Saint-Donat (P.-de-D.), fils de Jean Guittard et Anne Charbonnel, cultivateurs – Soldat de 2e classe au 70e bataillon de chasseurs alpins. Mort pour la France le 20 juillet 1915 à 31 ans, lors de la bataille du massif du Linge près d’Orbey (Haut-Rhin), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : 22 février 1916 à Compains.
En Alsace, la bataille du Linge, forte position défensive allemande, se déroula du 20 juillet au 16 octobre 1915. Les combats de fin juillet-début août furent particulièrement meurtriers pour des gains territoriaux minimes. La bataille fit 17 000 morts, dont 10 000 français.
MARTIN Alphonse (François-Alphonse) – Né le 27 juin 1888 à Marsol (com. Compains), fils d’Antoine Martin, 32 ans, et Marie JGérémy, 25 ans, cultivateurs. Soldat au 59e R.I. Reconnu apte au service en 1914, “mort à l’ennemi le 27 septembre 1915” à Roclincourt (Pas -de-Calais).
Aucun des deux Alphonse Martin signalés dans Mémoire des Hommes ne semble avoir de lien avec Compains.
VERDIER Édouard (Jacques-Edouard) – Né à Compains le 9 juillet 1895, fils de Jean Verdier, 48 ans, et Marie Giron, 28 ans, cultivateurs demeurant à Brion (com. Compains) – Soldat de 2e classe au 143e R.I. Mort pour la France le 27 septembre 1915 à 20 ans , tué à l’ennemi à La Main de Massiges (commune de Massiges, Marne). Lieu de transcription du décès : 2 février 1916 à Compains.
Le lieu-dit La Main de Massiges (Marne), connut d’âpres combats tout au long de la Grande Guerre. L’assaut y avait été donné le 25 septembre 1915. Les combats s’y éterniseront jusqu’en 1918.
THOURIN Georges (Georges-Raymond) – Né le 23 janvier 1893 dans la commune du Valbeleix, fils d’Antoine Thourin, 33 ans, et Marie-Reine Julliard, cultivateurs à La Chavade (com. Valbeleix) – Soldat au 105e R.I. Mort pour la france le 13 octobre 1915 à Armancourt (Somme), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : 3 novembre 1917 au Valbeleix. Sépulture : Nécropole nationale de Montdidier (Somme), tombe individuelle n° 5334.
Le village d’Armancourt, rasé, ne sera libéré que le 11 août 1918.
GUERIN Pierre – Né le 30 novembre 1894 à Egliseneuve d’Entraigues, fils de Jean Guérin, 27 ans né à Cureyre (com. Compains), et Marie Brunet, cultivateurs à Graffaudeix (com. Egliseneuve d’Entraigues). En 1911 ils habitent à Cureyre – Soldat au 139e R.I. Mort pour la France le 4 novembre 1915 à 21 ans, à Maucourt (Somme). Lieu de transcription du décès : 24 décembre 1915 à Compains.
Mort en 1915 Pierre Guérin figure parmi les morts en 1916 sur la plaque de l’église.
ROUX Martial (Martial-Léger) – Né le 20 juin 1895 à Compains, fils de Pierre Roux, 27 ans, et Marie Tartière, 23 ans, cultivateurs à Chaumiane (com. Compains) – Soldat de 2e classe au 81e R.I. Mort pour la France le 18 décembre 1915 à 20 ans, tué à Saint-Rémy-sur-Bussy (Marne). Lieu de transcription du décès : 27 février 1916 à Compains.
Saint-Rémy-sur-Bussy est situé entre Suippes et Valmy. Deux jours avant la mort de Martial Roux, un prêtre d’un autre régiment écrivait : “c’est le 81e R.I. qui nous remplace : peu d’enthousiasme chez eux car ils ont bien souffert et ils redoutent l’attaque pour laquelle, peut-être, on les fait remonter”.
1916
TARTIERE Jean-Amédée – Né le 7 mai 1879 à Compains, fils de Tartière Claude, 36 ans, et Anne Coissard, 24 ans, cultivateurs à Belleguette (com. Compains). Marié le 4 juin 1904 à Compains avec Louise-Antoinette Tartière. Il s’agit probablement d’Octave Tartière, déclaré mort en 1915 sur la plaque de l’église (voir précédemment) – Soldat de 2e classe au 54e bataillon de chasseurs alpins. Mort pour la France le 6 février 1916, tué à l’ennemi à 36 ans à Lingekopf (Bas-Rhin). Lieu de transcription du décès : 30 octobre 1917 à Compains.
CHABAUD Félix (Jacques) – Né le 6 juin 1880 à Compains, fils d’Antoine Chabaud, 45 ans, et Jeanne Golfier, 40 ans, cultivateurs à Brion (com. Compains). Marié le 2 octobre 1906 à Compains avec Anne-Antoinette Tartière – Soldat de 2e classe à la 146e brigade d’infanterie. Mort pour la France le 8 mars 1916 à 36 ans, tué à l’ennemi à Douaumont. Lieu de transcription du décès : 20 avril 1918 à Meaux (Seine et Marne).
Le fort de Douaumont, pilonné par l’artillerie allemande, reçut 800 obus le 20-21 février 1916 avant d’être pris par l’ennemi lors de l’offensive sur Verdun débutée le 21 février 1916.
BARBAT Joseph – Né le 24 octobre 1888 (et non le 4 comme indiqué sur la fiche Mémoire des Hommes), à Mazoires (P. -de-D.), fils de François Barbat, 35 ans, né à Egliseneuve d’Entraigues et Marie Chalaphy, ménagère (fermière), née à Saint-Alyre-ès-Montagne. Joseph Barbat vivait à Compains au lieu-dit Les Fonts – Soldat de 2e classe au 201e R.I. Mort pour la France le 11 mars 1916 à 27 ans, suite à ses blessures de guerre. Lieu de transcription du décès : 15 juillet 1916 à Compains.
VERDIER Auguste (Georges-Auguste) – Né le 24 janvier 1876 à Compains, fils de François Verdier, 28 ans, et Marie Moins, 20 ans, cultivateurs demeurant à Brion (com. Compains). Marié à Hélène Rahon le 7 novembre 1903 – Soldat de 2e classe au 256e R.I. Mort pour la France le 1er septembre 1916 à 40 ans à Esches-Andéchy (Somme), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : 24 décembre 1916 à Compains.
BLANCHER Jean-Jacques (et non BLANCHET) – Né le 17 juin 1890 à Compains, fils de François Blancher, 35 ans, et de Marie Moins, 24 ans, cultivateurs au bourg de Compains – Soldat de 2e classe au 86e R.I. Mort pour la France le 17 septembre 1916 à 26 ans à Vermandovillers (Somme) des suites de ses blessures de guerre. Lieu de transcription du décès 26 octobre 1920 à Compains.
La bataille de Vermandovillers se déroula en 1916 dans le cadre de la bataille de la Somme. Les Allemands s’étaient fortement retranchés depuis deux ans quand fut lancée l’attaque. Le 86e R.I. avait été acheminé par voie ferrée le 24 août jusqu’au front qui était resté stable jusqu’au 4 septembre. Le 7 septembre, les soldats furent conduits vers 22 heures par camions à la sortie d’Harbonnières. Des combats acharnés se déroulaient au Bois Etoilé, proche de Vermandovillers depuis le 5 septembre. Le village et le bois étaient rasés. Le 8 septembre, le 86e R.I. vient relever le régiment épuisé qui se battait depuis plusieurs jours. Les tranchées étaient remplies de boue liquide. Duels d’artillerie. le 86e perd 1071 hommes entre le 4 et le 9 septembre. Le 17 septembre, jour de la mort de Jean-Jacques Blancher, le 86e se lance à l’assaut de Vermandovillers. Face à lui, l’ennemi retranché attend l’attaque.
Sans compter les britanniques, 1261 français et 22 665 allemands gisent dans les cimetières placés dans un rayon de 5 km autour de Vermandovillers. Comme de nombreuses communes du nord et de l’est de la France Vremandovillers fut décorée en 1920 de la Croix de Guerre.
VERDIER (Jean-Marcel) – Manque sur le monument aux morts de Compains mais figure sur le monument de Besse sous le nom de VERDIER Marcel – Né à Compains le 19 janvier 1891, fils de Jean Verdier, 29 ans, facteur demeurant au bourg de Compains et Catherine Monier, 23 ans – Sous-lieutenant au 20e bataillon de chasseurs à pied. Mort pour la France le 23 septembre 1916 de ses blessures de guerre à l’hôpital militaire de Cayeux en Santerre (Somme). Lieu de transcrition du décès : 4 avril 1917 à Besse.
TARTIERE Alphonse (Antoine) – Né le 8 octobre 1895 à Compains, fils d’Antoine-Joseph Tartière, 25 ans, cultivateur à La Berche (com. Compains) et de Marie Tartière, 27 ans – Soldats de 2e classe au 147e R.I. Mort pour la France le 26 octobre 1916 à 21 ans de ses blessures de guerre à Moreuil (Somme). Lieu de transcription du décès : 27 décembre 1916 à Compains.
GUERIN Pierre – Voir avec les morts de 1915.
VANDRANT Antoine (orthographié VANDRAND Antoine-François dans Mémoire des Hommes – Né le 22 décembre 1883 à Compains, fils d’Antoine Vandrand, 38 ans, et de Jeanne Ladevie, 37 ans, cultivateurs à Brion. Marié le 7 juin 1913 à Compains avec Louise-Françoise Crégut – Soldat de 2e classe au 22e bataillon de chasseurs alpins. Mort pour la France le 24 novembre 1916 à 32 ans, à l’hôpital de Bray-sur-Somme, suite à ses blessures de guerre. Lieu de transcription du décès : 25 janvier 1917 à Compains.
Après la destruction de la ville d’Albert par l’ennemi, la ville fut évacuée dès le 4 octobre 1914 et le front se stabilisa autour de Bray-sur-Somme qui devint un centre de ravitaillement et de soins pour les blessés du front. C’est là que fut soigné Antoine Vandrand, tué à la fin de la bataille de la Somme.
1917
LAMAND (Gabriel) – Né le 19 juillet 1882 à Vinzan (com. de Peyrelevade, Corrèze), fils de Pierre Lamant et d’Aimable Relière, cultivateurs à Vinzan. Maçon à Escouailloux, il épouse le 6 février 1902 à Compains Marie Tournadre, 21 ans, de Compains. Il serait mort le 17 février 1917 à Nancy. Non retrouvé dans les Morts pour la France.
AMIGON Hyacinthe (Jean-Hyacinthe) – Né le 24 avril 1895 à Compains (et non en août comme indiqué sur Mémoire des Hommes), fils d’Antoine Amigon, 44 ans, et Marie Andrand, 35 ans, cultivateurs à Malsagne (com. Compains) – Soldat de 2e classe au 108e R.I. Mort pour la France le 17 avril 1917, à 21 ans, tué à l’ennemi à Saint-Hilaire-le-Grand, près de la Suippe (Marne). Lieu de transcription du décès : 18 janvier 1920 à Compains.
Dans le cadre de la bataille du front de Champagne, l’attaque du 17 avril, jour de la mort de Hyacinthe Amigon, s’était engagée à 4h15 du matin sur un front de 2km500. Deux bataillons du 108e R.I. étaient venus en soutien de la 24e D.I. et avaient attaqué le Bois des Abattis à La Suippe. Le 108e, transporté par camions, était arrivé un peu après l’heure H. Il attaqua dans la confusion pour des résultats très partiels mais réussit à tenir la position d’Auberive. Il s’ensuivit une mutinerie : 17 hommes abandonnèrent leur poste devant l’ennemi. Douze seront condamnés à mort, puis graciés.
1918
COHADON Jean – Né à Compains le 4 juin 1896, fils de Louis Cohadon, 65 ans, et Marguerite Crégut, 44 ans, cultivateurs à Cureyre (com. Compains). Jean Cohadon est le frère d’Antonin Cohadon décédé en 1914 dans la Moselle. – Soldat au 6e régiment d’infanterie coloniale. Mort pour la France le 25 mars 1918 à 21 ans, tué à l’ennemi au Ravin du Bois Mulot (Forêt d’Apremont, Meuse). Lieu de transcription du décès : 6 septembre 1918 à Compains.
PERRIERE Jean (Jean-François) – Né le 17 mars 1880 à Saint-Jacques d’Ambur (Combrailles, P.-de-D.), fils de Marien Perrière, 37 ans, entrepreneur de travaux publics et de Jeanne-Eugénie Champeix, 22 ans – Soldat de 2e classe au 86e R.I., sixième compagnie. Mort pour la France le 31 mai 1918 devant Olizy-Violaine (Anthenay, Marne), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : 15 octobre 1918 à Compains.
BELONTE Joachim – Son nom figure sur la plaque de l’église mais ne figure plus sur le monument aux morts de Compains. Il ne figure pas parmi les Morts pour la France. Né le 30 septembre 1887 aux Chirouzes. Une tombe portant son nom et ses décorations se trouve au cimetière de Besse. Il aurait été incorporé au 70e régiment de chasseurs alpins et serait mort le 18 juillet 1918 (source : tombe au cimetière de Besse).I
VERDIER Alexandre (Alexandre-Jean) – Né le 11 juin 1889 à Compains. Fils de François Verdier, 35 ans, et Antoinette Genestoux, 25 ans, cultivateurs demeurant à Roche (com. Compains) – Soldat de 1ère classe au 30e bataillon de chasseurs alpins. Mort pour la France lors de la troisième bataille de l’Aisne le 19 juillet 1918 à Rassy (Aisne), tué à l’ennemi. Lieu de transcription du décès : 25 octobre 1918 à Compains.
La troisième bataille de l’Aisne (du 27 mai au 17 juillet 1918), au cours de laquelle Alexandre Verdier trouva la mort, marquait la troisième offensive de Ludendorff contre les Français qui tenaient le Chemin des Dames sur l’Aisne. Le 17 juillet, l’état major Allemand doit admettre que son offensive a été stoppée et se trouve à court d’effectifs. Depuis mars 1918 les Allemands ont perdu 500 000 hommes et ont complètement échoué sur la Marne où les avions français ont pilonné leurs ponts, précipitant troupes et convois dans la rivière. Les chars Renault ont participé aux combats avec efficacité et contribué à stopper l’ennemi sur sa lancée.
VERDIER Jean (Jean-Marie) – Né le 15 juillet 1890 à Compains, fils de Joseph Verdier (37 ans) et Antoinette Maillet, 35 ans, cultivateurs à Brion (com. Compains) – Soldat de première classe au 52e bataillon de chasseurs à pied. Mort pour la France le 1er septembre 1918, tué à l’ennemi à 28 ans à l’est de Nesle (Somme). Lieu de transcription du décès : 5 mars 1919 à Compains.
GEREMY Antoine – Né le 15 juin 1889 à Marsol (com. Compains), fils de François Gérémy, 28 ans, et Françoise Sepchat, 40 ans, cultivateur à Marsol. Marié à Compains le 8 juillet 1914 avec Eléonore-Anne-Catherine Verdier. Mort d’une bronchite bacillaire le 18 septembre 1918. Ce combattant n’a pas été retrouvé dans Mémoire des Hommes parmi les Morts pour la France.
CHANDEZON Jean – Né le 16 avril 1896 à Compains, fils de Chandezon François, 27 ans, et Marie Boyer, 22 ans, cultivateurs à Escouailloux (com. Compains) – Soldat au 92e régiment d’infanterie. Mort pour la France le 12 octobre 1918 à l’hôpital d’évacuation de Villote (Meuse), à 22 ans, suite à ses blessures de guerre. Lieu de transcription du décès : 20 avril 1920 à Compains.
1919
FORESTIER Léon – Né le 23 avril 1897 au Vernet-la-Varenne, fils de Mélanie Bourgue, légitimé par le mariage avec Jean Forestier le 28 juillet 1904. Marié à Compains le 22 avril 1919 avec Antonine-Félicie Rouby. Soldat au 15e escadron du train des équipages. Mort le 13 août 1919 à Routchouk (Bulgarie). Ce combattant n’a pas été retrouvé dans Mémoire des Hommes parmi les Morts pour la France.
Le MONUMENT AUX MORTS
Le Monument aux Morts occupa successivement deux emplacements. Le premier était situé vers l’entrée du village quand on vient de Besse. Comme souvent à cette époque, la colonne commémorative était entourée d’obus qui soutenaient une chaine. Le monument a la forme d’un obélisque surmonté d’une croix de guerre 1914-1918 stylisée (croix pattée avec les épées croisées). Plusieurs ornements figurent sur le fut de l’obélisque : la branche de laurier, à nouveau la croix de guerre, et un coq dont la patte est posée sur un casque de soldat.
Le Monument aux Morts à son premier emplacement
Dans l’entre-deux guerres, le cimetière qui longeait l’église fut déplacé, libérant une espace pour le monument qu’on installa face à la porte d’entrée sud de l’église Saint-Georges. Les chaines et les obus qui l’entouraient furent abandonnés.
Un marbrier auvergnat construisit le monument aux morts de Compains : Morel et fils, entrepreneur de marbrerie à Brioude. On trouve un monument de même style à Saint-Alyre-ès-Montagne.
Le Monument aux Morts aujourd’hui
La liste des noms des combattants inscrite sur le monument aux morts présente quelques différences avec la plaque de l’église. La mention de l’année du décès du combattant n’y figure plus ; l’ordre chronologique des décès n’est qu’imparfaitement respecté et parfois totalement modifié. Des corrections ont été établies. Les prénoms officiels ont le plus souvent été restitués alors que c’est parfois le prénom usuel qui figure dans l’église. Par exemple, la date de la mort de Pierre Guérin indiquée sur la plaque de l’église (1916) a été rétablie en 1915 sur le monument aux morts. Jacques-Arthur Morin, bien que mort en 1915 figure en avant dernière position sur le monument, l’ordre chronologique de son décès n’a pas été respecté.
Remarques
Évolution démographique de Compains
Après la guerre vient le début de l’effondrement démographique. Le 5 mars 1911 jour du recensement, Compains comptait 743 habitants “présents dans la commune”. Le 6 mars 1921, jour du premier recensement qui suivit la guerre, on ne comptait plus que 646 “présents” dans la commune (Source : A.D.P.D.). La Grande Guerre et la grippe espagnole apparue en Auvergne durant l’été 1918 avaient fait leur œuvre. L’émigration avait fait le reste.
Les régiments
Les soldats furent majoritairement incorporés dans l’infanterie (22), les chasseurs alpins (7) et quelques autres régiments comme l’infanterie coloniale (2), les chasseurs à pied (1) et le train des équipages (1). Deux soldats combattirent sur des champs de bataille éloignés (Turquie, Bulgarie).
Chasseurs alpins : sept compainteyres furent logiquement incorporés dans des bataillons de chasseurs alpins, spécialisés dans les combats en montagne.
105e R.I. Gallica – Historique du 105e régiment d’infanterie, Riom, Imprimerie du Courrier du Puy-de-Dôme, 1920.
Régiment d’auvergnats en garnison à Riom, le 105e régiment d’infanterie s’embarque le 7 août 1914 vers le front “couvert de fleurs au milieu de l’enthousiasme que donne seule la confiance en une juste cause”. Il rentrera cinq ans plus tard, titulaire de trois citations à l’Ordre de l’armée et sera qualifié “régiment de Lorette” en raison de sa participation à des combats particulièrement meurtriers à Notre Dame de Lorette dans le Pas-de-Calais.
Insigne du 105e R.I. dit “régiment de Lorette” : Casque Gaulois, gonfanon, devise “A moi Auvergne”
Au 105e R.I., c’est dès la Campagne de Lorraine (8 août-11 septembre 1914) que Jean-Baptiste Coudert de Belleguette est tué à l’ennemi le 21 août, jour où à 7h30, les Allemands donnent l’assaut aux Français du 105e qui chargeaient à la baïonnette, causant de nombreuses pertes côté français. L’année 1915 fut particulièrement meurtrière pour le régiment qui menait une guerre de tranchées au cours de laquelle le front fut plusieurs fois modifié. Lors de la seconde bataille de l’Artois on intercale au sein du 105e des unités territoriales dans les troupes d’active “pour les habituer au service en première ligne”. Cette même année Georges Thourin du Valbeleix est tué à l’ennemi le 13 octobre à Armancourt à une quarantaine de kilomètres de Montdidier où on peut voir sa tombe.
158e R.I. Gallica, Historique du 158e R.I. Campagne 1914-1919, Berger-Levrault, s.d., 19 p..
Un compainteyre, Jean Verdier, un bessois, Jean-Alphonse Maillet et un habitant du Valbeleix, Auguste Danglard, incorporés au 158e R.I. furent tous trois tués en 1915 lors de la seconde bataille d’Artois (Vimy et Notre Dame de Lorette). Après six jours et six nuits de bombardements allemands, une spectaculaire attaque de Pétain le 9 mai avait fait reculer l’ennemi. Après une semaine de furieux combats pour un résultat limité, le coût humain de l’offensive fut énorme : 102 000 morts, blessés ou disparus.
A SUIVRE
Chez les Boyer de Picardie, mes oncles :
Victor BOYER, Mort pour la France
Edouard BOYER, Croix de guerre
VICTOR BOYER – “mort de maladie contractée en service”
Jean-Joseph-Victor Boyer, dit communément Victor, nait le 26 mars 1891 à Albert (Somme). Sa sœur aînée, Marie Boyer, était née à Saint-Alyre-ès-Montagne. Ce sont l’oncle et la tante d’Anne-Marie Boyer-Gouédard. Victor est le fils aîné de Jean Boyer, né le 12 avril 1866 à Compains dans la maison du Cougny. II avait épousé le 14 juin 1890 Annette Jourde, née le 20 mars 1862 à Boutaresse, un hameau de la commune de Saint-Alyre-ès-Montagne. Une semaine après leur mariage en 1890, ils émigraient en Picardie.
Victor travaille à Albert (Somme) comme “employé de commerce” dans l’entreprise de son père. De la classe 1911, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 120e régiment d’infanterie à compter du 10 octobre 1912 et immatriculé sous le numéro 4092. A l’issue de son service militaire, Victor pensait entrer comme chaque français de l’époque dans la réserve de l’armée active pour les onze ans prévus par la loi. Mais arrive l’été 1914, Victor a 22 ans, et c’est la guerre.
Jean-Joseph-Victor Boyer (1891-1917), soldat au 120e R.I., Mort pour la France (1917)
Sur le front Anglais, la ville d’Albert (Somme) où Victor vivait chez ses parents est bombardée par les Allemands. Détruite, elle doit être évacuée dès le 14 octobre 1914. La maison des Boyer est inhabitable et ils doivent partir se réfugier dans la petite ville de Corbie à une vingtaine de kilomètres d’Albert.
Fléau qui avait déjà affecté plusieurs membres de la famille Boyer-Jourde, la tuberculose frappe à son tour Victor qui est réformé par la commission spéciale d’Ancenis le 30 juin 1915 pour “tuberculose pulmonaire”. La maladie s’aggravant, il est rayé des contrôles du corps le 1er juillet 1915 et peut rejoindre ses parents à Corbie. Le frère cadet de Victor, André Boyer âgé de 14 ans, observait avec effroi entre Albert et Corbie, “une plaine couverte de blessés”.
En novembre 1915 on retrouve pourtant Victor “engagé volontaire” pour la durée de la guerre. Sans doute n’a-t-il pas voulu rester loin du front alors que son frère cadet, Édouard, est lui aussi mobilisé. Victor part le 9 novembre 1915 comme soldat de 2e classe au 13e régiment d’artillerie de campagne. Comme il a été reconnu que son état pulmonaire est suffisamment grave pour lui épargner le front, il sera incorporé comme “automobiliste” et conduira un véhicule. Parvenu à son régiment le 11 novembre 1915, son engagement est finalement annulé dès le 7 mars 1916. Rattrapé par la maladie, il est renvoyé provisoirement dans ses foyers le 31 mars et se retire chez ses parents toujours réfugiés à Corbie. La Commission spéciale de réforme d’Amiens maintient le 27 avril 1916 la réforme de Victor pour tuberculose. Il aura l’ultime satisfaction de ne pas être envoyé dans un lointain hôpital et sera soigné chez ses parents avant de décéder un an plus tard à Corbie le 13 avril 1917, entouré des siens. L’armée le déclarera Mort pour la France “d’une maladie contractée en service”. Il avait 26 ans.
Mémoire des Hommes – Fiche de Victor Boyer Mort pour la France
La date de naissance indiquée sur la fiche ci-dessus a été corrigée au Ministère des Armées : Victor est né le 12 mars 1891 à Albert (Somme) et non le 26 mars comme indiqué ci-dessus.
Les tuberculeux font la guerre
Soignés dans les hôpitaux avant le déclenchement des hostilités, les tuberculeux furent eux aussi rattrapés par la guerre en 1914 et beaucoup durent venir grossir les rangs des combattants. Pour défendre la Patrie, il fallait faire feu de tout bois. Les conditions du combat (explosions d’obus ou de mines, emploi des gaz…) favorisaient le développement de problèmes thoraciques et aggravaient l’état des soldats phtisiques. Pour les soldats incorporés bien portants, la cohabitation obligée avec les malades dans la promiscuité des cagnas qui favorisait la propagation du bacille les soumettait au risque de contracter la maladie.
Les malheureux pulmonaires accueillis dans les hôpitaux pâtissaient de leur condition car, selon certains médecins, la compassion des soignants allait plus aux blessés et mutilés au combat qu’aux tuberculeux atteints d’une maladie qu’on ne savait soigner efficacement. Les tuberculeux étaient pourtant nombreux : les médecins estimaient à 20 ou 25% le nombre de tuberculeux retrouvés parmi les évacués pour raisons sanitaires. L’un d’eux affirmait que sur 1000 soldats incorporés, 16 allaient être réformés pour tuberculose. On pense qu’entre le 2 août 1914 et le 31 octobre 1917, 81 500 tuberculeux auraient été réformés.
Annette Jourde-Boyer – Mère en deuil de Victor
A partir de 1916, on crée à l’intention des soldats tuberculeux des “hôpitaux sanitaires”, terminologie qui présentait l’avantage d’évacuer les mots “tuberculose” et sanatorium” dont l’impact était anxiogène sur la population. Il fallait en outre éviter que les habitants, voisins des hôpitaux, ne s’alarment de leur promiscuité avec des malades. Tous craignaient la contagion. A Clermont-Ferrand, lorsqu’on envisage d’installer des tuberculeux dans l’Établissement Saint-Gabriel en 1916, le conseil municipal de Clermont-Ferrand proteste, sénateur et députés en tête. Alors qu’en 1913 180 français pour 100 000 mourraient de la tuberculose, ce chiffre était passé à 208 en 1919. La courbe de la contagion entame heureusement une descente rapide après la guerre grâce aux progrès de l’hygiène et au vaccin qu’on utilisa pour la première fois le 18 juillet 1921.
A lire en ligne sur CAIRN : Darmon, Pierre – La Grande Guerre des soldats tuberculeux, in : Annales de démographie historique, 2002, 1, n°103, pp. 35 à 50.
ÉDOUARD BOYER – Deux fois blessé, prisonnier en Pologne – Décoré de la Croix de guerre
Né le 26 février 1894, Édouard est, comme son frère Victor, “employé de commerce” à Albert dans l’entreprise de son père. De la classe 1914, il a vécu une guerre pleine de drames et de rebondissements pendant laquelle il fut deux fois blessé, puis fait prisonnier.
Première blessure au Mesnil-lès-Hurlus (Marne)
Incorporé au 128e R.I. du 5 septembre 1914 au 15 avril 1916, il est nommé caporal. Blessé une première fois dans la Marne le 26 février 1915 lors d’une attaque très meurtrière au Mesnil-lès-Hurlus, il est atteint de plusieurs éclats d’obus à la jambe et évacué vers Vimy (Pas-de-calais), puis vers l’hôpital de Bordeaux. Il n’en sortira qu’après cinq mois de convalescence et gardera sa vie durant un boitement qualifié de “gêne de la marche” par l’administration militaire. On verra ci-après qu’il rechuta de cette première blessure, mal soignée, mais ne fallait-il pas renvoyer le soldat le plus rapidement possible au combat.
Seconde blessure à Berny-en-Santerre (Somme)
On retrouve Édouard incorporé dans la 13e compagnie du 328e R.I. avec laquelle il rejoint le front du 15 avril 1916 au 12 avril 1917. De juillet à octobre 1916 il participe à l’offensive franco-britannique sur la Somme. Le 4 septembre 1916, son régiment attaque à Berny-en-Santerre, à moins de 30 kilomètres de la maison familiale de Corbie où sont réfugiés ses parents. Après des combats violents le 4 septembre, son régiment est décimé. Édouard est blessé une seconde fois. Le colonel et le commandant sont blessés, 28 officiers et un millier d’hommes de troupe ont été tués, blessés ou sont disparus. Atteint une seconde fois d’une balle à la jambe, Édouard est évacué en ambulance jusqu’à Lorient où il est hospitalisé. Déclaré guéri le 4 octobre 1916 il est autorisé à passer deux semaines à Corbie où ses parents soignent son frère Victor.
Rechute
La santé d’Édouard décline à nouveau et il doit être transféré à l’hôpital de Brest le 17 novembre 1916. Des religieuses carmélites le soignent pour des “poussières et débris de projectiles qui subsistent dans la cuisse droite”, séquelles de sa première blessure reçue en 1915. Le médecin mentionne qu’il lui administre de la cocaïne. Sorti de l’hôpital le 12 décembre 1916, Édouard rejoint son dépôt après une semaine de permission passée à Corbie chez ses parents. En janvier 1917 il effectue un stage en tant que mitrailleur.
Décoré de la Croix de guerre
Édouard est décoré le 14 mars 1917 de l’insigne spécial réservé aux blessés de guerre : la Croix de guerre à étoile émaillée de rouge. Citation au régiment, n°65.
Prisonnier le 16 août 1917
Le 12 avril 1917 Édouard a rejoint la 4e compagnie du 162e R.I. qui part combattre à Verdun où il sera fait prisonnier par l’ennemi le 16 août au Bois de Courrières. Il est envoyé en Silésie (Pologne) où il doit travailler dans une ferme. Mal nourri, il subsistait en ramassant les épluchures des pommes de terres jetées par les paysans. Il restera prisonnier jusqu’à la fin de la guerre avant de revenir à Amiens le 16 août 1919.
Lire ceux qui ont combattu pendant la Grande Guerre
Maurice Genevois (1890-1980), grièvement blessé en avril 1915, reviendra handicapé de la Grande Guerre. Il restera toute sa vie hanté par les images de la “farce démente” vécue avec ses compagnons pendant la guerre. Vingt ans après le fin de la guerre, dans son ouvrage “Ceux de 14” publié en 1949, il évoquera les années dramatiques partagées avec ses compagnons, combattants pour la Patrie. Son entrée au Panthéon le 11 novembre 2020 a clos les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale.
“Être gai, savoir l’être au plus âcre des souffrances du corps, le rester lorsque la dévastation et la mort frappent durement auprès de vous, tenir bon à ces assauts constants que mènent contre le cœur tous les sens surexcités, c’est pour le chef un rude devoir, et sacré. Je ne veux point fermer mes sens pour rendre ma tâche plus facile. Je veux répondre à toutes les sollicitudes du monde prodigieux où je me suis trouvé jeté, ne jamais esquiver les chocs quand ils devraient me démolir, et garder malgré tout, si je puis, cette belle humeur bienfaisante vers laquelle je m’efforce comme à la conquête d’une vertu”.
Maurice Genevois – Ceux de 14
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