– Marsol – Les Costes
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Marsol, village (hameau) des terres du nord de Compains
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POURQUOI EVOQUER l’HISTOIRE de MARSOL ?
Comme dans tous les chapitres de notre travail, cette recherche consacrée à une première approche de l’histoire du village de Marsol utilise des sources publiques, principalement puisées aux Archives départementales du Puy-de-Dôme, complétées par des sources privées. L’histoire de Marsol, comme celle de tous les hameaux de Compains, n’est que partiellement documentée et c’est en pointillé qu’on peut suivre son évolution du Moyen Âge au XIXe siècle.
Plusieurs particularités incitent cependant à focaliser notre attention sur ce hameau.
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- Un village isolé au pied du Puy Moncey
Marsol est le seul hameau qui ait peuplé les terres qui bordent Compains au nord. Si l’on excepte les villages de la vallée de la Couze (le bourg, Escouailloux, La Ronzière, Belleguette), le paysage rural de la vaste commune de Compains (50 km2) montre dès le Moyen Âge une majorité de hameaux isolés sur la montagne. Souvent situés à plusieurs kilomètres du bourg, la plupart sont dispersés sur les hauteurs périphériques à la commune mais joignables à pied depuis le bourg par d’agréables chemins parfois agrémentés de quelques rudes montées (Chaumiane, Marsol, Brion, Cureyre…).
En position élevée (1043 m.) au pied du Puy Moncey (1191 m.), Marsol est situé au nord du ruisseau de la Gazelle, près de la lisière qui sépare Compains du Valbeleix et de l’ancienne commune de Saint-Anastaise, aujourd’hui regroupée avec la commune de Besse. Au sud, le promontoire sur lequel s’est fixé Marsol surplombe la forte déclivité de la Costuna qui dévale sur plus de cent mètres jusqu’à la Gazelle.
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- Dans la mouvance des Saint-Nectaire
Depuis le Moyen Âge, Marsol, attesté en 1451, fut le premier des maillons qui, d’est en ouest, conduisaient vers le couchant jusqu’aux herbages de Jansenet (1333 m.). Après Marsol et un détour aux Costes, cette frange septentrionale de Compains monte vers Beauregard, Roche et le Pré de l’arbre, Escoufort-bas, dont on sait que Bernard Ronat était seigneur au XIVe siècle, Escoufort-haut, (voir le chapitre Villages et burons abandonnés – Escoufort), puis la Pave pour se terminer à Jansenet au nord-ouest du Montcineyre. Consacrés à l’estive, ces herbages furent souvent exploités par des propriétaires qui ne résidaient pas au village. Ils furent et restent de nos jours encore particulièrement dépourvus de population. L’ensemble était notamment desservi par “un chemin ancien allant dudit village de Marsol à la Montagne d’Escoufort”.
Comme la seigneurie du Valbeleix qu’elles prolongeaient, ces terres restèrent presque en totalité tenues jusqu’à leur vente en 1703 par les Saint-Nectaire, seconds seigneurs importants de la paroisse de Compains après le seigneur de Brion. Mais depuis quand et à quelle occasion ces terres du nord de Compains étaient-elles parvenues aux Saint-nectaire ? Il est avéré que lors du partage de l’héritage de Maurin de Bréon en 1280 entre ses quatre filles, l’ainée, Dauphine de Bréon avait hérité des hautes terres d’Entraigues jusqu’au Cocudoux inclus. Mais qu’en était-il au delà ? On ne peut que conjecturer que les Saint-Nectaire étaient déjà maître des terres du nord de Compains au XIIIe siècle mais on verra qu’un autre hypothèse est envisageable.
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- Un des trois villages les plus peuplés de Compains (1808)
Troisième village le plus peuplé de la commune en 1808, Marsol a vu émerger au fil du temps plusieurs autres points isolés de peuplement. L’un au nord du village, au lieu-dit Moncey, du nom du Puy qui surplombe le village. Vers l’ouest, un autre se tient au lieu-dit les Costes. D’autres apparaitront au fil du temps au lieu-dit le Baguet, à Roche-Garnaud, à Roche ou au Pré de l’arbre. Marsol était desservi par plusieurs chemins, en particulier celui dit de la Viol et le chemin de Combrachi qui monte vers le Puy de Moncey.
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Du MOYEN ÂGE à l’EPOQUE MODERNE
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Au TEMPS des SEIGNEURIES
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- Marsol, un nom patronymique ?
Marsol est l’un des rares hameaux qui peuplent la commune dont l’orthographe soit restée invariée au moins depuis le XVe siècle. Selon des toponymistes, Marsol dériverait du patronyme d’un très ancien propriétaire du lieu qui vécut sans doute bien avant 1451, date à laquelle nous avons retrouvé le premier texte qui mentionne précisément ce hameau.
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- Bréon – Saint-Nectaire : une alliance protectrice
Au Moyen âge, Marsol n’apparait qu’au fil d’une documentation bien rare. On sait cependant qu’en 1302, une alliance avait été tissée entre les Bréon et les Saint-Nectaire, deux familles vassales du Dauphin d’Auvergne pour une grande partie de leurs biens. Manifestation de la bonne entente qui régnait alors entre eux, Ythier de Bréon avait marié sa fille, Dauphine de Bréon, avec Bertrand de Saint-Nectaire. Cet apparentement confortait la sécurité de la seigneurie de Brion vers le nord, en dépit de dissensions qui s’élevèrent ensuite à plusieurs reprises entre les deux lignages. Dauphine, petite fille de l’héritière vue plus haut en 1280, aurait-elle en 1302 reçu en dot les terres ou une partie des terres qui courent de Marsol à Jansenet ? C’est possible, vraisemblable même, mais aucun texte ne vient à ce jour le confirmer. Cependant, on peut penser que la paroisse de Compains se trouve dès ce moment partagée entre deux seigneuries principales, celle des Bréon au sud du ruisseau de la gazelle et celle des Saint-Nectaire au nord du ruisseau, dans le prolongement de leur seigneurie du Valbeleix.
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- Un poste de garde des Saint-Nectaire à Jansenet ?
Des paysans de Saint-Anastaise font en 1451 une reconnaissance de censive à Antoine de Saint-Nectaire. Ils tiennent en indivision les 6/10e des terres de la chalm (terre inculte) de Marsol ainsi que les montagnes des Costes haut, Roche, la montagne de Roche et la Pélissaire, Escoufort et enfin, Jansenet “soutra” (bas). Ces terres étaient corvéables et taillables aux quatre cas. Pour ces herbages, Saint-Nectaire touchait un cens en argent et en nature portable au Valbeleix à la Saint-Julien. Les 4/10e restants de ce territoire seront acensés quelques mois plus tard par Saint-Nectaire.
Lors de cette reconnaissance, Saint-Nectaire fait stipuler au notaire qu’il “garde pour lui” la montagne de Jansenet “soubra” (haut) que, écrit toujours le notaire, “le seigneur détient”. Pourquoi cette réserve qui écartait les paysans des hauteurs de Jansenet ? Probablement parce qu’on avait installé à Jansenet un lieu de garde d’où on pouvait surveiller “l’estrade publique”, la voie de circulation fréquentée qui, à l’ouest, passant au pied de Jansenet et de Cocudoux, reliait Egliseneuve d’Entraigues à Besse.
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- Maison de maître à Marsol
On trouve encore à Marsol une maison exceptionnelle qui était dotée de plafonds voutés malheureusement aujourd’hui disparus, mais qui possède encore une spectaculairee cheminée triple d’une facture qu’on retrouve ici ou là en Auvergne mais dont nous n’avons pas rencontré d’autre exemple à Compains. Les architectes auteurs de l’ouvrage Maisons paysannes et vie traditionnelle en Auvergne, paru en 2004 aux éditions Créer, relatent avoir parfois rencontré de semblables cheminées dans la région. Selon eux, ce serait faute de trouver des linteaux droits de portée suffisante qu’on dut revenir à l’arc clavé. Dans le cas de la maison de Marsol, elle fut peut-être l’habitation d’un agent seigneurial dont le but fut peut-être simplement décoratif afin d’afficher un statut social supérieur à celui des paysans, (voir le chapitre Vie rurale, Maisons et symboles).
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- De seigneurs en seigneurs
La seigneurie passe ensuite sous l’autorité éminente de l’évêque de Clermont. Le damoiseau Antoine de Saint-Nectaire, seigneur de la baronnie de Bostbeleix (Valbeleix), rend en 1500 un hommage lige à Charles de Bourbon, évêque de Clermont. On remarquera au passage que le toponyme Bostbeleix employé pour désigner Valbeleix, dérive du latin boscus et désigne un lieu dégradé par les essarts. Les défrichements pratiqués autour de l’An Mil et dans les siècles qui suivirent dans la vallée en auge du Valbeleix laissèrent donc un souvenir si durable que le nom du bourg en resta très longtemps marqué.
Marsol fut marqué par une grande stabilité seigneuriale jusqu’à 1703, date à laquelle Françoise de Saint-Nectaire vendit la seigneurie du Valbeleix et ses appartenances au marquis de Crussol. En 1775, nouveau changement de propriétaire, le Valbeleix passe à François de La Garlaye, évêque de Clermont. Après sa mort en 1776, ses héritiers ne tardent pas à vendre en juin 1779 les seigneuries de Saint-Nectaire et du Valbeleix à un anobli, Jean-Michel Guérin, seigneur de Villard.
Marsol – Les Costes (Source : A.D. Puy-de-Dôme, cadastre 1828)
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- Jean-Michel Guérin, dernier seigneur de Marsol
Le nouveau seigneur du Valbeleix et Marsol, Jean-Michel Guérin, avait été cornette (sous-lieutenant) dans la cavalerie légère au régiment d’Escars. Durant les batailles, il tenait l’étendard de sa compagnie. Guérin paya 215 025 livres la seigneurie et marquisat de Saint-Nectaire qui incluait la seigneurie du Valbeleix et ses dépendances. En 1794 il était également propriétaire du lac de Bourdouze.
Prise de possession de la seigneurie du Valbeleix par Jean-Michel Guérin (juillet 1779)
Comme souvent, la prise de possession d’un bien comme la “terre, seigneurie et marquisat de Senectaire et Valbeleix ensemble”, donne lieu à des gestes oubliés aujourd’hui qui peuvent sembler insolites. Pour marquer sa possession, le nouveau seigneur fait d’abord une halte à l’orée du bourg du Valbeleix, devant les “mazures” de l’ancien château de la Prade “et en fait lecture a l’extérieur”. Après en avoir ouvert et fermé les fenêtres, il se rend ensuite devant la porte de l’église Saint-Pierre où, en l’absence du curé, le vicaire du Valbeleix qui l’accueille lui présente l’eau bénite. Pendant que les cloches sonnent, Guérin s’incline devant le Saint-Sacrement. Au château comme à l’église, il prononce enfin par trois fois à haute et intelligible voix qu’il prend possession de la terre et seigneurie du Valbeleix.
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STRATEGIES des CULTIVATEURS pour SÉCURISER ou ACCROITRE leurs BIENS
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Faire “société”, on disait aussi vivre en “consorts”, c’est à dire en communauté familiale, pouvait procurer des avantages aux “gens de labeur”, ces modestes agriculteurs qui ne détenaient que peu de biens. La vie à Marsol sous l’Ancien Régime dévoile plusieurs exemples de ces solidarités, souvent pratiquées avec des proches de la famille en qui on pouvait avoir confiance. On en décèle de nombreuses au XVIIe siècle.
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- La communauté familiale : les “consorts”
Très répandue en Auvergne, la communauté familiale était une association, souvent verbale, pratiquée entre parents d’une même famille qui décidaient de partager le même “sort”. Pour les petits laboureurs, se regrouper autour du même pot et du même feu pouvait limiter les risques encourus et éviter de diviser le petit bien familial lors des héritages. Ces communautés subissaient des fortunes diverses. Certaine prospéraient, d’autres couraient à l’échec.
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- La “société” verbale des Morin-Verdier (1661)
Le 7 mars 1653, Halix Papon, femme “séparée quant aux biens d’honorable homme Jean Morin Nabeyrat praticien du bourg de Compains”, vend pour 38 livres la “parra des Costes” qui contient trois esmines de terre. Les acheteurs “communs en biens”, tous de Marsol, sont Jean Morin, clerc, les frères Verdier et Antonia Verdier future épouse. En 1661, les frères Verdier reconnaissent avoir vécu en communauté verbale depuis le décès de leur père, Mathieu Verdier et de leur mère Marie Morin qui avait géré la communauté après la mort du père. Ils racontent avoir décidé de “faire société perpétuelle et irrévocable” et que pour “entretenir pais et leur amitié fraternelle”, ils ont “traicté et faict société entre eux pour perpétuelle et irrévocable”. Ils mettent en commun tous leurs biens et stipulent qu’aucun d’eux ne devra faire sur les autres un profit excédant la somme de cinq sols.
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- La communauté des Martin (1685)
A l’occasion de leurs mariages respectifs, Benoît Martin qui épouse Marguerite Antignat et son frère Jean Martin qui épouse une Sabatier, décident de mettre tous leurs biens en commun. Constatant que les constitutions (dots) de leurs fiancées sont égales, ils s’associent et décident comme les Morin-Verdier de ne faire l’un sur l’autre aucun profit excédant la modique somme de cinq sols.
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- S’associer pour racheter une terre (1770)
Bien rares à Compains devaient être les marchands de bestiaux à qui cette seule activité suffisait pour vivre. Aussi, nombre de “laboureurs” cumulaient-ils l’activité de cultivateur – éleveur avec celle de marchand, au point que les actes notariaux les nomment “cultivateur ou marchand”. Plus aisé que le simple laboureur, mieux instruit, celui qui était dit marchand savait le plus souvent signer.
Ce sont donc six marchands de Marsol qui s’associent en 1770 pour parvenir à racheter le solde du capital d’une rente foncière de 3000 livres constituée en 1701 par leurs grands-parents. Prendre à “rente foncière” permettait aux paysans d’étendre leurs terres quand leurs biens patrimoniaux étaient insuffisants. La rente avait été jusque-là versée à Joseph Rodde de Grandprat, écuyer, seigneur du Chay (le Cheix, à Saint-Diéry). Compte tenu de l’importance de la somme, on peut penser qu’il pourrait s’agir du rachat d’un domaine ayant appartenu à Mathieu Rodde dont la famille ardoisienne avait d’importantes possessions dans les montagnes et le pays coupé. Si s’associer permettait aux cultivateurs de réunir les fonds, on remarquera que les marsoliens n’y parviennent que 70 ans plus tard. Lors du rachat, on voit l’entraide fonctionner à plein au bénéfice de deux des contractants qui n’étaient pas en état de payer leur part. On actionne alors la solidarité familiale : Pierre Eschavidre, dit Virou, paya de sa main en deniers la somme de 600 livres au profit de Jean Eschavidre. Puis ce fut Jean Verdier laboureur habitant du lieu de Brion qui paya la somme de 1160 livres en lieu et place de Jacques Morin son neveu.
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De Marsol à Jansenet (Source : A. D. du Puy-de-Dôme, cadastre 1828)
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“INCOMMODITES” de la VIE PAYSANNE
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Quelles qu’aient pu être les stratégies pour limiter les revers de la vie, les infortunes les plus diverses n’en frappaient pas moins la majorité des paysans qui vivaient au jour le jour, à la merci des impondérables.
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- Paupérisation des frères Chavignat (1651-1662)
Laboureurs à Marsol, les frères Chavignat “consorts et communs en biens”, exploitaient à Marsol un petit patrimoine hérité de leurs ascendants. En 1651, ils avaient été contraints de commencer à vendre des terres à Jean Morin, dit clerc, et à ses neveux les frères Verdier. En dépit de leur association, les deux frères Chavignat étaient tombés en arrérages. En 1656, ils sont incapables de rembourser une dette de plus de 1000 livres, somme considérable à cette époque pour de petits paysans, contractée à l’égard de “honorable homme” Jean Morin, devenu depuis peu le nouveau notaire royal de Compains. Au fait du moindre évènement survenu au village, Jean Morin commence alors à se constituer un important patrimoine en profitant des difficultés rencontrées par les ruraux. Pour s’acquitter d’une partie seulement de leur dette, les deux cultivateurs vont devoir à deux reprises vendre leurs biens indivis au notaire ainsi que les droits à prendre du bois qu’ils détiennent à Marsol, sur les terres des Saint-Nectaire et à Chaumiane, sur les terres du seigneur de Brion.
Dans un premier temps, c’est Jacques Chavignat, fils de feue Jeanne Eschavidre, qui, en ce 14 juillet 1659, doit aliéner sa part des biens qu’il partage avec son frère : l’étable, la grange, deux jardins à viande (des jardins potagers), un frau, plusieurs champs, des prés et parras. Il délaisse également des droits indivis avec Jean Morin-Nabeyrat de Marsol qui lui permettaient de prendre du bois dans la hêtraie de Marsol, ainsi que d’autres droits à prendre du bois dans les forêts de Chaumiane. Ces droits à Chaumiane avaient été octroyés en 1560 à Antoine Eschavidre, aïeul des Chavignat, par François de Montmorin – Saint-Hérem alors seigneur de Brion.
Contracter avec deux seigneurs différents
Les contrats montrent que les paysans dépendants de Saint-Nectaire à Marsol pouvaient ainsi contracter simultanément avec d’autres seigneurs, et en premier lieu avec le seigneur de Brion, quand il s’agissait de compléter leur approvisionnement en bois. Surexploité et donc insuffisant, le bois manquait à Marsol. Les besoins en bois dépassaient de loin le seul manque de combustible. Le bois était partout nécessaire qu’il s’agisse de construire des charpentes, de tailler des outils, de faire des sabots, de fabriquer un char ou de construire des cabanes à fromages. Aussi, plutôt que de laisser se répandre des comportements délictueux, mieux valait un bon accord. Avec le consentement des Montmorin – Saint-Hérem et, on peut l’envisager, celui de leurs prédécesseurs, les habitants de Marsol avaient été autorisés à utiliser à Chaumiane le Bois des hommes et la Coupe d’Espinas pour y prélever le bois indispensable à leurs besoins.
Quelques années plus tard, les affaires des Chavignat ont continué de péricliter au point que, le 6 mars 1662, c’est le laboureur Pierre Chavignat, frère et associé de Jacques Chavignat à Marsol, qui doit vendre à Jean Morin notaire les biens qui lui restent. La petite maison que partageaient les deux frères est vendue ainsi que, comme précédemment, l’autre moitié des biens fonciers, des droits aux communaux et des bois d’usage et de chauffage qu’il pouvait prendre “a son plaizir et vollonté”. Le notaire, en captant les biens des Chavignat put agrandir les possessions qu’il tenait déjà à Marsol mais il laissa toutefois Chavignat bénéficier d’une clause à réméré qui lui donnait une possibilité de rachat de ses biens au cas où sa situation s’améliorerait. Car loin de couvrir la dette, l’ensemble des biens vendus, y compris la maison, atteignait péniblement 200 livres et les Chavignat restaient surendettés et bien incapables de racheter leurs biens.
La vente à réméré
Des exemples de vente à réméré tels que celui exposé ci-dessus surgissent de temps à autre au fil des textes. Ainsi en mars 1650, Anthoine Vallon avait convenu avec ses acheteurs de vendre ses deux champs “a réméré”. Il vendait en conservant une possibilité de rachat de ses héritages. Les acheteurs pratiquaient ainsi une aide déguisée tout en sécurisant leur achat. Ils laissaient au vendeur la faculté de pouvoir racheter les biens vendus avant une date fixée par contrat, ici avant la prochaine fête de saint Mathieu (21 septembre). Si Vallon n’avait pas racheté à cette date, ils pourraient conserver le bien, ici des champs. On voit ce type de vente, qui équivalait à un prêt de courte durée en attendant une rentrée d’argent, pratiqué à plusieurs reprises à Compains.
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- Les frères Vidilhe : de la petite propriété au métayage (1647-1672)
Incapables de rembourser la rente annuelle qu’ils doivent à Pierre Martin Bielhe de Marsol, les frères Vidilhe doivent vendre en 1657 une partie de leurs herbages, et quelques prés et un tènement de neuf têtes d’herbages exploité en indivision dans la montagne d’Escoufort mouvante du seigneur de Saint-Nectaire “a cause de sa seigneurie du Valbeleix”. L’année même de cette vente, ils deviennent métayers de Jean Ier de Laizer à Malsagne. En 1664, Benoît Vidilhe habitant Bohaud et Françoise Mosnier sa femme, métayers à Malsagne “appartenant au seigneur du lieu”, marient leur fille Louise avec Guillaume Maynial, fils de feu Géraud Maynial et Anna Morin, laboureur au hameau de Malsagne. Le mariage a lieu en présence de Jean de Laizer seigneur de Lignerol, homonyme du chef de famille. Benoît Vidilhe est dit en janvier 1672 “ancien métayer de Laizer au boriage de Malsagne” (boriage : maison avec grange et écurie). Il est retourné habiter le village de Bohaud, son village d’origine où il détient encore quelques terres. A son départ de la métairie de Malsagne il était encore débiteur de Laizer pour 330 livres. Trois mois plus tard, il vend au notaire Jean Morin les terres qu’il possédait encore à Bohaud pour s’acquitter d’une vieille dette de 240 livres contractée depuis 1647 auprès de François Morin, le père du notaire de Compains. Il ne reste même plus à Vidilhe de quoi rembourser Laizer. Le notaire le laissera jouir de quelques herbages moyennant le versement d’une petite rente.
Il faut le regretter, la cause de ces déconfitures (mauvaises affaires, climat, maladies, épizooties…), n’est jamais exposée dans les minutes notariales. Ce qui apparait en revanche c’est la petite taille des biens. Nombreux mais minuscules, disséminés ici ou là, ils sont peu productifs. Les jardins ne produisent qu’une cartonnée et les prés et parras ne couvrent le plus souvent qu’un quart de journal, parfois un demi (un journal égale à peu près un hectare). Bien des ruraux héritent ainsi d’un patrimoine peu profitable, formé de petites parcelles dispersées, comme le montre en 1828 le cadastre. Bien qu’associés, ils n’ont souvent d’autre solution que d’évoluer vers le métayage si l’émigration ne vient pas leur apporter le complément de revenu indispensable au maintien d’une économie de subsistance.
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- Greniers vides à Marsol pendant la famine (1693)
Etabli en 1693 par l’Administration royale, l’état des réserves contenues dans les greniers en cette période de famine, montre qu’une dizaine de familles habitaient alors Marsol. Les chefs de famille étaient Anne Champeix, Jean Verdier-Teyssier, Jean Verdier, Anne Falgoux, Antoine Morin, Benoît et Jean Martin, Jean Reynaud, Jean et autre Jean Eschavidre, Jacques Chavignat, auxquels il faut ajouter François Chandezon, métayer d’Antoine Morin aux Costes (Voir aussi le chapitre Compains au XVIIe siècle, Misère).
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Pauvres, les familles mettaient souvent des décennies à payer les dots. Isabeau Verdier, mariée le 30 octobre 1689 avec Jean Tartière aurait pu ainsi attendre indéfiniment le paiement de sa constitution. Pourtant, c’est dès 1694 que son frère François Verdier de Marsol lui versa la totalité de sa dot, probablement après avoir “bénéficié” d’un héritage consécutif à la terrible mortalité qui frappait alors la population.
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- La dîme de Marsol payée au curé de Compains (1738)
Le paiement de la dîme au curé était affaire de paroisse et non de seigneurie. Au sein des hameaux que lui avait délaissés le seigneur, le curé acensait annuellement la dîme perçue sur l’étendue du hameau. En 1738, Jean Breulh acensait à Jean et François Verdier la dîme de Marsol payable en nature et en argent à la Saint-Géraud. La dîme était composée de seigle et de gluys de paille destinés à réparer le toit du presbytère. Les affermeurs devaient être solvables et exploiter des héritages consistants, on n’affermait jamais à un pauvre paysan.
L’un des successeurs du curé Breulh, le curé Ligier Gouzon, n’exercera qu’un court ministère d’une année à Compains. Il touchait en 1748 à Marsol une dîme de seigle qu’il acensa à Jean Tartière pour trois ans. La dîme était prélevée sur les héritages et les communaux dont une partie était donc défrichée. Ces terres défrichées dans les communaux étaient dites “terres novales” (nouvellement défrichées) et le curé n’y prélevait pas systématiquement un supplément de dîme. A Marsol, la dîme s’élevait annuellement à neuf septiers de seigle.
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Croix au bord du chemin qui conduit à Marsol
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EFFORTS pour MIEUX ORGANISER l’ECONOMIE RURALE
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- L’échange pallie le manque de numéraire (1660)
Posséder de petits héritages qui ne faisaient pas “corps de domaine” rendait leur exploitation difficile et peu rentable. Pour rationaliser les exploitations ou même pour se procurer un bien immobilier, fut-il un chezal (bâtiment en ruine), la pratique de l’échange était courante et pouvait, dans une certaine mesure, pallier le manque d’argent.
En 1660, Antoine Vallon natif de Marsol mais résidant à Montferrand, et Jean Verdier de Compains, procèdent à un échange. Vallon cède à Verdier trois petits jardins à viande (des potagers) et un jardin à chanvre situés à Marsol. En contrepartie, Verdier cède à Vallon ses droits sur un chezal (une ruine) de maison à Marsol comprenant étable et cave qu’il possède avec ses frères et Agnès Morin, ses consorts. Cette économie de l’échange compensait le manque de liquidités qui caractérisait ces petites communautés aussi bien que les petits exploitants. L’échange permettait d’acquérir une maison qu’on n’avait pas les moyens de faire construire mais aussi et peut-être surtout, grâce à l’échange, on pouvait regrouper de petits biens trop souvent dispersés.
Comme les marsoliens, le notaire Jean Morin cherchait à remembrer ses biens en pratiquant des échanges de terres. Un contrat d’échange et de permutation destiné à un tel regroupement intervient en 1664 entre le notaire et les cultivateurs “communs en biens” déjà vus plus haut, Jean Morin clerc et ses neveux les trois frères Verdier. Le notaire donne aux consorts des terres qui confinent à leurs biens et en contrepartie, les consorts donnent au notaire des terres qui confinent à ses propriétés.
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- Défendre les communaux (1760)
Un texte notarial de 1835 révèle qu’on trouvait trois communaux “en nature de pature” à Marsol : Baladoux qui couvrait 15 hectares, la Chaux (23 ha), et une petite parcelle dite “le communal” (1 ha71). Ces chiffres fournis par nos sources diffèrent légèrement de ceux portés par le cadastre de 1828 qui attribue 19 hectares à la pâture du Baladoux et 27 hectares à celle de la Chaux.
En 1760, les habitants de Marsol subissaient depuis plusieurs années les empiètements de certains particuliers qui “troublaient le pacage communal”. Venus des villages voisins de Chaumiane, le Valbeleix et Saint-Anastaise, sans droits aucuns sur les communaux de Marsol, ils s’étaient cependant appropriés plusieurs parties des terres communes des marsoliens, en avaient arraché les bornes et avaient défriché des parcelles à leur profit. Non contents d’empiéter sur le bien d’autrui, les usurpateurs n’avaient pas hésité à faire pacager leurs bestiaux au détriment de ceux de Marsol qui nommèrent des syndics pour faire assigner devant le juge ces particuliers étrangers au hameau.
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- Lotir les bois pour mieux les exploiter (1762-1769)
Au fil du temps, la surexploitation de la forêt n’avait laissé subsister à Marsol que des broussailles. Les bois communs des habitants étaient totalement “dommagés” en 1762 par les coupes journalières qui y étaient pratiquées. La pénurie était telle qu’on ne trouvait plus de bois ni pour le chauffage, ni pour entourer les héritages, ni pour chauffer le four où on venait cuire son pain. Contraints de réagir et de se responsabiliser, les habitants décidèrent alors de mieux s’organiser pour éviter délabrement total de leurs bois.
Cette prise de conscience aboutit à un partage des bois de Marsol en deux temps. Pour laisser à leur indispensable patrimoine forestier le temps de se reconstituer, une quinzaine de laboureurs et le fermier de François Raynaud, Jean Morin qui habitait aux Costes, décident en 1762 de partager les bois communs. Une première moitié des bois fut divisée en trois portions, bornée et partagée entre les habitants. Pendant ce temps, les bois du Puy Moncey, le volcan de Marsol, restaient non divisés et exploités anarchiquement, comme de tous temps. Sept ans plus tard, les bois du Puy Moncey étaient dévastés alors que les bois lotis en 1762, mieux entretenus, avaient pu se reconstituer. Reconnaissant les avantages de ce premier partage, les marsoliens décidèrent de lotir et de se partager la seconde moitié des bois qui couvraient le Puy Moncey.
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Coup d’œil sur les COSTES
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Peuplée au XVIIe siècle, en particulier par la famille Morin-Nabeyrat, la montagne des Costes fait partie des lieux qui, à Compains, pourraient avoir été tantôt habités, tantôt désertés. Depuis le XVIe siècle et peut-être bien avant, les Costes étaient partagées entre les Montmorin – Saint-Hérem et les Saint-Nectaire. Les Costes furent habitées au XVIIe et au XVIIIe siècle mais seul un buron figure aux Costes sur le cadastre de 1828. Propices à une installation durable, les Costes bas sont alimentées par une source sans grand débit mais qui pouvait suffire à l’installation permanente d’une famille. Cette source sourd de nos jours encore sous une ancienne maison pleine de caractère construite au XIXe siècle aux Costes Bas.
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- La terre des deux seigneurs
A environ un kilomètre à l’ouest de Marsol, le lieu-dit les Costes était divisé au XVIIe siècle – et sans doute bien avant – entre deux seigneuries : l’une aux Saint-Nectaire, l’autre aux Montmorin – Saint-Hérem. François-Gaspard de Montmorin – Saint-Hérem touchait en 1653 le cens de la parra des Costes “a cause de sa seigneurie de Compens”. La toponymie a conservé le souvenir de cette ancienne appartenance : sur la montagne des Costes, le cadastre de 1828 indique toujours “buron des Costes ou Montmorin”. Les Costes sont traversées par un ancien sentier qui conduit de Marsol au bourg de Compains en franchissant le ruisseau de la Gazelle sur un charmant ponceau. On pourrait donc dire que le chemin qui sépare les Costes haut des Costes bas témoigne de la séparation entre la terre de Montmorin et celle de Saint-Nectaire. On en induira que le ruisseau de la Gazelle ne séparait pas strictement les deux seigneuries comme on a pu le penser, d’où le nom de Montmorin qui reste attaché sur le cadastre de 1828 à une vaste portion d’herbages au nord des Costes.
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Le ruisseau de la Gazelle traversé par un ponceau sur le chemin du bourg aux Costes
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Les Costes : une dépendance de Marsol ou un mas séparé ?
Au XIXe siècle, quand on voulait éclaircir un point obscur ou établir un droit, le passage de la Révolution n’avait balayé ni le recours à l’ancienne coutume d’Auvergne, ni la recherche et l’utilisation de textes anciens. On resta longtemps dans l’indécision au sujet du statut des Costes dont la position par rapport à Marsol agitait encore les esprits en 1835, date à laquelle on remonta aux temps anciens et à un texte de 1702 pour établir avec précision la position de ce tènement. Il s’agissait de préciser si les Costes constituaient une dépendance de Marsol ou si elles devaient être considérées comme un mas ou un village séparé. La réponse à cette question allait y déterminer l’organisation de la relation entre les ruraux.
Jean Morin-Nabeyrat et sa femme Halix Papon habitaient aux Costes en 1653 sans qu’on puisse dire depuis quand ce lieu isolé était habité. Dénommées tènement en 1702, les Costes étaient considérées comme une dépendance de Marsol quand, après un partage, Anthoine Morin Nabeyrat y entra en possession de fonds, d’un bâtiment et d’une grange. En 1718, Jean Morin et François Martin sont dits des Costes. En 1736, Jean Morin-Nabeyrat, un des habitants les plus commodes de Marsol, habitait aux Costes. Trente ans plus tard, on a vu que François Reynaud laboureur à Marsol avait affermé les Costes à Jean Morin qui y vivait avec sa famille. Lors du partage des bois communaux intervenu en 1762 entre les habitants de Marsol la question fut posée : l’habitant des Costes devait-il avoir sa part des bois ? Après débats il fut admis que, du fait que Morin possédait quelques héritages à Marsol il serait considéré comme un habitant du hameau et, de ce fait, autorisé à jouir des bois et à faire moudre son grain au moulin commun de Marsol pendant tout le temps où il résiderait aux Costes. En contrepartie, lui et les siens devraient contribuer aux réparations nécessaires au moulin. Mais si Morin venait à vendre les héritages (biens) qu’il possédait à Marsol, il serait exclu du droit de mouture. Si tenir feu au village était la condition exigée pour bénéficier des droits d’usage locaux, bois, moulin, communaux, on voit que cette condition acceptait quelques entorses. On ne put donc établir en 1835 que les Costes étaient un mas ou un village étranger au mas et village de Marsol et qu’il aurait bénéficié de pâturages séparés.
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VIVRE à MARSOL (XVIIIe – XIXe siècle)
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- Des feux (foyers) et des familles stables (1794-1808)
Le peuplement de Marsol est caractérisé par une douzaine de feux, habités par des familles stables qu’on retrouve de siècle en siècle. Lors du recensement des grains établi en 1794, la population de Marsol et des Costes atteignait 121 habitants, ce qui en faisait le troisième village de la commune. Seul le bourg de Compains (123 h.) et Brion (162 h.), comptaient davantage de citoyens. Pourtant, en 1808, la population de Marsol s’est éclaircie, le hameau a perdu 12% de sa population qui n’atteint plus que 110 habitants dans une commune qui en compte 914. Il est difficile d’incriminer la Révolution, les guerres impériales ou l’émigration définitive puisqu’à la même date la population de Compains (158 h.) et celle de Brion (184 h.) augmente très significativement. Probablement s’agit-il de déplacements de Marsol vers le bourg et Brion.
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- Que cultivait-on ?
Contrairement à bien d’autres hameaux de Compains, l’exploitation des terres de Marsol était le fait de paysans pratiquement tous autochtones et, en l’état de nos sources, après 1770, on n’y trouvait plus de domaine tenu par un forain. Si les cultures, seigle, sarrazin, lin, chanvre, sont les mêmes que partout à Compains, il faut y ajouter l’avoine qu’à la demande du seigneur de Saint-Nectaire on cultivait près du Pontet de Roche. Le lin est renseigné à Marsol par les textes en 1703, date à laquelle il est présent dans les dots de plusieurs contrats de mariage. Quant aux légumes secs, sur les treize familles de Marsol et des Costes en 1794, seules les six familles les moins bien nanties en cultivaient.
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- Peu de pauvres
L’espace fiscal de Compains était divisé en collectes correspondant chacune à un hameau. L’impôt était levé par les consuls collecteurs de la paroisse. Aucune rébellion contre les collecteurs d’impôt n’a pu être repérée à Marsol, contrairement à ce qu’on constate par exemple au village de Graffaudeix, bien connu pour son opposition à l’impôt.
Marsol dans le rôle d’impôt de 1768
Tous les paysans de Marsol figurent dans le rôle d’impôts au chapitre intitulé “bourgeois marchands et gros laboureurs”. Ils pratiquent une pluriactivité alliant élevage, commerce de bestiaux et polyculture. Aucun marsolien n’est imposé dans la catégorie “petits marchands et laboureurs”. Un seul chef de famille figure dans la catégorie des “pauvres gens ou brassiers”, aucun dans la catégorie “mendiant”. Chaque hameau ayant ses caractères propres, “l’état et la condition” des habitants de Marsol révèle un hameau dont les habitants paraissent relativement commodes. Alors qu’en 1794 on comptait 14 familles “indigentes” dans la paroisse de Compains, on ne trouvait à Marsol cette même année qu’une famille en difficulté.
Les villageois n’étaient cependant pas à l’abri des difficultés financières. Lors de leur mise en vente durant la Révolution, certains Biens Nationaux restèrent invendus à plusieurs reprises faute d’acheteurs solvables. D’autres furent achetés par des compainteyres qui se révélèrent défaillants au moment de payer. Un habitant de Marsol, François Verdier, acheteur au lieu-dit Cachebroche de 17 têtes d’herbage ayant appartenu aux Laizer, s’était retrouvé déchu de l’effet de son adjudication faute d’avoir pu la financer. Le tènement de Cachebroche fut ensuite affermé faute d’acheteur puis remis en vente en 1808 et adjugé à un forain, Jean Boudet, propriétaire à Ardes.
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Au XIXe siècle
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- Progrès de l’instruction
Dans les familles les plus accommodées de Compains et bien avant l’ouverture d’une école, il arrivait que certains jeunes doués pour le droit deviennent juristes ou même philosophe ! En 1837, Marie Morin des Costes, veuve de Jean Tartière, avait cinq fils dont l’un était étudiant en philosophie.
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- Les plus imposés des marsoliens dans les rôles d’impôts
Après que Maurice de Laizer ait récupéré d’importantes terres à Compains à son retour de Russie, les Laizer y restèrent les contribuables les plus imposés de la commune tout au long du XIXe siècle. Des listes des trente plus imposés de la commune, établies à partir des rôles d’impôts, ont servi de base à la liste qui suit des habitants les plus imposés à Marsol en 1856, 1873 et 1881.
Rôle de 1856
L’examen de la liste des trente propriétaires les plus imposés à Compains en 1856 place derrière les héritiers de Maurice de Laizer plusieurs étrangers à la commune. Suivent à Marsol Antoine Morin bien placé (10e), il précède Jean Tartière des Costes (15e). Viennent ensuite François Reynaud (16e) Antoine Martin-Bourre (19e), Antoine Martin-Faitout (24e), tous du hameau de Marsol.
Rôle de 1873
Après la dizaine de propriétaires les plus imposés, tous étrangers à la commune, dont les Laizer toujours premiers imposés du village, aucun habitant du hameau de Marsol ou des Costes ne figure plus en 1873 sur la liste des trente premiers imposés de la commune. Les trois imposés qui subsistent (au lieu de cinq en 1856), sont tous maintenant dispersés dans des maisons isolées de la section de Marsol. On trouve encore bien placé, un Morin, Jean Morin (11e), qui habite au lieu-dit le Baguet une maison isolée à environ un kilomètre de Marsol ; à la 21e place François Verdier qui vit maintenant au lieu-dit “à l’arbre”. Selon le cadastre de 1828 il s’agit du “pré de l’arbre” à Roche où, comme au Baguet, une habitation a donc succédé à un buron. On retrouve ces deux patronymes inscrits sur la pierre de la maison isolée de Beauregard à quelques encablures de là (voir le chapitre Maisons et symboles). Enfin, Jean Morin-Chabrut occupe la 28e place : lui aussi habite une maison isolée à Roche.
Rôle de 1881
En 1881 comme déjà en 1873, les douze premiers imposés n’habitent pas la commune, à l’exception, toujours dans les trente premiers imposés, de François Tartière de Marsol (8e), suivi de Jean Tartière des Costes (13e), d’Antoine Champeix de Marsol (16e) et des héritiers de François Raynaud de Marsol (25e). En 1883 on comptait 18 chefs de famille à Marsol.
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- Un habitat qui s’est dispersé
En 1746 Marsol comptait 12 maisons habitées par 12 ménages, soit un total de 70 occupants. Aux Costes, deux maisons abritaient deux ménages, au total 9 individus. Après une longue tradition d’habitat groupé dans des hameaux dispersés sur le territoire paroissial, la population de la commune de Compains explose au XIXe siècle. On compte 18 chefs de famille dans la section de Marsol en 1883. Un nouvel habitat fait de maisons très isolées a fait son apparition. Sans doute d’anciens burons transformés en habitations. On vit désormais au Baguet, à Roche-Garnaud, à Roche, au Pré de l’arbre ou à Beauregard. On a pu constater la même évolution au sud du bourg où la grange étable du Cougny devient une habitation dans les années 1860. De leur côté, les herbages de la Pave et Jansenet qu’exploitaient les habitants de Marsol au temps des Saint-Nectaire sont restés voués aux estives et continuent d’être mis en valeur par des marsoliens.
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- Stabilité des familles
Le peuplement de la section de Marsol est marqué par une certaine stabilité qui n’exclut pas, on l’a vu, le déplacement de certaines branches des familles vers d’autres hameaux de la commune, parfois pour y exercer une activité d’intérêt général (par exemple Pierre Morin-Nabeyrat devenu procureur d’office au bourg avant la Révolution). Invariablement, on retrouve à Marsol du XVIIe au XIXe siècle des Guérin, des Morin, des Tartière, des Raynaud, des Verdier, des Martin.
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- Recherche minière aux Costes (1871)
L’autorisation d’effectuer des fouilles et sondages dans une propriété des Costes fut donnée en 1871 (par un Tartière ?) à Eugène Thavaud demeurant à Paris. Ce droit, donné aux risques et périls du chercheur, lui permettait d’entreprendre la recherche de métaux ou de minéraux aux Costes. En contrepartie, il s’engageait à payer une redevance annuelle de 150 francs au propriétaire.
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- Partage des communaux (1883)
Les trois communaux de Marsol, Baladoux, la Chaux et la petite parcelle dite le communal étaient “en nature de pâture”. On décida en 1883 d’un partage temporaire de ces communaux qui furent divisés en 18 lots qu’on tira au sort au profit des 18 chefs de famille de la section de Marsol. Entre 1885 et 1887, ces communaux furent lotis. A la même date, on délimitait et on bornait les bois communaux.
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- L’eau potable disponible depuis la fin du XIXe siècle
Deux “fontaines”, (sources), étaient utilisées pour les besoins des habitants de Marsol et de leur bétail : la Fontaine Guillaumont qui servait aux bestiaux et la Fontaine de Combrachi dont le chemin voisin prit le nom. En août 1895, pour remédier à l’insuffisance de l’approvisionnement en eau et procurer davantage d’hygiène aux habitants, la municipalité de Compains décida l’installation d’un bassin muni d’un robinet au centre du village (Voir le chapitre Vie rurale – Fontaines-Puits).
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- Des pierres dressées animent le paysage
Des dizaines de pierres triangulaires – qu’on pourrait dire en forme de “dents de dragon” si ce n’est qu’elles sont plates – se dressent aujourd’hui à Marsol où elles bordent des propriétés. Au hameau voisin des Chirouzes, dans l’ancienne commune de Saint-Anastaise, d’anciennes photos attestent qu’on protégeait les toitures en seigle de la voracité des animaux et de la neige en dressant le long des toitures qui frôlaient le sol de grandes pierres plates et pointues en leur sommet, semblables à celles qu’on peut observer aujourd’hui à Marsol. Sur l’origine de ces pierres on ne peut faire que des hypothèses mais il ne serait pas invraisemblable qu’elles proviennent du Puy Moncey voisin où on a détecté une phonolite particulière. Inapte à couvrir les toitures car trop fragile, cette phonolite aurait pu être tout à fait apte, peut-on penser, à d’autres usages tels que borner des champs ou des toitures.
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Marsol – Pierres dressées au bord d’un pré
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A SUIVRE
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