– Généalogie des Bréon
Généalogie des Bréon, seigneurs au Bas et Haut Pays d’Auvergne
Compains, Mardogne, Montpentier, Saint-Hérent, Lugarde, Lanobre, Nubieu
et autres lieux
Remarques préliminaires
On trouvera ci-après un court extrait de la généalogie détaillée des Bréon établie dans le cadre de notre recherche sur cette ancienne maison du Haut et Bas-Pays d’Auvergne.
Telle que les sources permettent de l’établir pour le moment, la généalogie de la cinquantaine de Bréon retrouvés laisse subsister bien des interrogations. Il a souvent fallu louvoyer en terra incognita, entre les écueils de nobiliaires truffés d’inexactitudes qu’il faut examiner avec précaution et le vide des sources dont la rareté laisse subsister des zones d’ombre. En dépit des incertitudes, nous étirerons la visibilité du lignage entre le XIe et la fin du XIVe siècle date à laquelle s’éteint la famille, sachant qu’on n’a pour l’instant trouvé une documentation fiable qu’entre la fin du XIIe siècle et le XIVe siècle.
Les Bréon que nous signalons au XIe siècle en Vivarais (aujourd’hui l’Ardèche) sont mentionnés sous toutes réserves. En l’état actuel de notre recherche, seules des présomptions permettent d’envisager leur rattachement au lignage des seigneurs de Compains. Ces premiers Bréon sont suivis par Armand de Bréon, qu’une source unique déclare croisé en 1102. Un long tunnel généalogique couvre ensuite presque tout le XIIe siècle, période qui correspond à la construction du château à Brion, suivie de la reconstruction d’une partie de l’église au bourg de Compains (début du XIIIe siècle).
Doté du prénom traditionnellement donné à l’aîné, apparait en 1199 un premier Maurin de Bréon (parfois lu Maurice), possessionné à l’ouest d’Issoire. Aucun numéro d’ordre ne lui a été attribué dans notre chronologie des chefs de famille, bien que sa paternité avec celui que nous nommons Maurin Ier soit vraisemblable. Les chefs du lignage se succèdent ensuite dans un ordre sécurisé par des textes. Des numéros d’ordre ont été attribués aux chefs de famille homonymes – Maurin et Itier – pour limiter les confusions qui peuvent naître des prénoms identiques fréquemment donnés aux fils comme aux filles. Le premier Maurin ainsi classé est celui qui rendit hommage au Dauphin en 1222.
La visibilité des femmes dans la documentation est inférieure à celle des hommes. Les épouses ne sont pas toujours connues. Chez les filles, il a fallu démêler l’écheveau des Dauphine. La répétition de ce prénom – donné à chaque génération à la fille aînée pour honorer le dauphin d’Auvergne suzerain des Bréon – a conduit à leur attribuer, comme aux chefs de famille, un numéro qui aide à clarifier leur succession. Un certain flou subsiste dans l’établissement des fratries.
Blason d’Itier de Bréon représenté au château de Ravel
(fin XIIIe-début XIVe siècle)
d’azur, semé de trèfles au lion d’or du même, langué et armé de gueules, brochant
Le château et la terre de Ravel furent donnés par Philippe le Bel à son conseiller Pierre Flotte en 1294. Deux salles du château de Ravel sont ornées d’un décor héraldique qui comprend plusieurs centaines d’armoiries, appartenant pour la plupart aux grandes familles d’Auvergne.
PREMIERS BREON AU XIe SIECLE (?)
Pons de Brionne X Artaude de Châteauneuf (cités en 1078 en Vivarais)
En Vivarais, dans la région des Boutières, près du confluent de l’Eyrieux et de la Dorne, dans l’actuelle commune de Joursac (Ardèche), au sommet d’une butte basaltique, une famille de Brionne tenait au lieu dit Brion un castrum flanqué d’un village castral et d’une chapelle. Il n’en subsiste aujourd’hui que des ruines.
Des sources ténues évoquent au XIe siècle ces Brion que certains disent issus d’une branche des Chapteuil, une des plus anciennes familles nobles d’Auvergne. Grands propriétaires fonciers implantés en Velay et Vivarais avant l’an Mil, les Chapteuil portaient dans leur armoiries un lion très proche du lion armé de gueules adopté par les Bréon au XIIe siècle. En dépit du fait que le lion soit la figure la plus fréquemment utilisée dans les armoiries médiévales, il fallait évoquer cette analogie.
Chapteuil – Blason
Sans qu’on puisse dater le mariage, un acte de 1078, indique que Pons de Brionne avait épousé Artaude de Châteauneuf. Le père (ou le frère) d’Artaude, Guillaume de Châteauneuf, le 11 des calendes de septembre 1078 (22 août) s’obligea envers Artaude de la somme de 5500 sols pour sa portion de biens du Vivarais. Le paiement des dots s’étalait souvent sur des décennies, laissant ouverte l’hypothèse d’un mariage bien antérieur à cette date, d’autant que les relations entre les deux familles n’étaient – semble t-il – pas nouvelles : Pons de Bréon et Guillaume de Châteauneuf châtelains voisins, se seraient partagé en 1053 Châteauneuf, aujourd’hui Châteauneuf en Boutières.
1078 – Guillaume de Châteauneuf s’oblige de la somme de 5500 s. pour la dot de noble Artaude, femme de Pons de Brionne
Médiathèque de Poitiers, Ms Dom Fonteneau, T. XXVIII, vol. 1, f°114 r°
EMERGENCE DES BREON A LA FIN DU XIIe siècle
Armand de Bréon (cité en 1102) arrière-croisade de la première croisade
Prêche de la première croisade
Bibliothèque Nationale, dép. des Ms, fr 314, f°86
Les sources, très lacunaires au XIIe siècle, fournissent peu d’information sur la maison de Bréon. Plus que les alliances de la famille, inconnues avant la seconde moitié du XIIIe siècle, ce sont les croisades qui permettent d’entrevoir les Bréon au XIIe siècle. Une source bénédictine, indique en particulier qu’Armand de Bréon participa en 1102 à une arrière-croisade de la première croisade lancée de Clermont en 1095 par le pape Urbain II. D’autres allèguent qu’Armand serait mort en 1103 au siège de Tripoli, assertion qu’aucune source ne vient pour l’instant conforter.
Siège de Jérusalem par l’armée de Godefroi de Bouillon
Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, Ms 0523
Armand de Bréon – troisième croisade (1189-1192)
Le prénom de l’ancêtre croisé, assurément considéré comme prestigieux par sa famille, fut donné à plusieurs de ses descendants. L’un d’eux aurait fait la troisième croisade. Audigier – qui nomme Armand Arnaud – dit avoir lu dans un titre que lors de la troisième croisade conduite par Philippe Auguste, un groupe de chevaliers auvergnats groupés autour du dauphin d’Auvergne partit en 1190-1191 guerroyer en Terre sainte. Audigier qualifie Armand seigneur de Mardogne, attribution qui semble anticipée.
Maurin (Maurice) de Bréon (cité en 1199)
Le prénom Maurin – lu parfois Maurice à cause de graphies peu claires – fut traditionnellement donné aux aînés chez les Bréon. On peut penser que Maurin de Bréon qui tenait des terres à l’ouest d’Issoire en 1199, fut le père de celui que nous nommons Maurin Ier ci-après. Cependant, l’absence de textes qui permettrait de lui attribuer cette paternité n’autorise pas à lui attribuer un numéro d’ordre.
De quelles terres pouvait-il s’agir ? Il est envisageable que ce texte évoque la terre de Montpentier, dite aujourd’hui Le Pentier tenue par les Bréon au XIIIe siècle.
Guidone de Bréon X Béatrice de Polignac
Frère ou fils du précédent, Guidone de Bréon apparait en 1189. Son épouse, Béatrice de Polignac marque la première alliance d’un Bréon avec une Polignac, précédant au XIVe siècle, celle de Maurin III avec Mélior de Châteauneuf de Randon, fille de Yolande de Polignac.
LES BREON AU XIIIe SIECLE
Maurin Ier (vers 1190-1240) X N…
Chef du lignage dont l’épouse est inconnue, Maurin Ier rend hommage en 1222 au dauphin d’Auvergne pour le fief de Brion. Lui-même, ou son père, avait participé vers 1208 en compagnie de plusieurs barons d’Auvergne à la croisade contre les Albigeois.
Hommage de Maurin de Bréon au Dauphin d’Auvergne (mai 1222)
Archives nationales R 4 1143
Armand de Bréon
Probable frère cadet de Maurin, il est cité en 1230 dans plusieurs cansos de Dona Castelloza, célèbre troubadoure auvergnate (voir le chapitre Vie sociale).
Enfants de Maurin Ier – Les alliances sont réparties tant au Bas Pays qu’au Pays des Montagnes d’Auvergne
♦ Maurin II (fils avéré) X Françoise de Rochefort d’Aurouze poursuivent la lignée.
♦ N. de Bréon (fille avérée) X Guillaume III, comtour d’Apchon,
♦ Aliénor (Eleanor) de Bréon X Géraud de Paulhac
♦ Robert de Bréon X N. de Saint-Floret. Cité en 1268, Robert de Bréon épousa une Saint-Floret, sœur de Jaubert de Saint-Floret. Leur fils Pierre de Bréon reçut un don testamentaire du chevalier Jaubert de Saint-Floret, son oncle, ainsi que Gaillarde et Yronde, sœurs de Pierre. Seigneurs d’un château situé près de Vodable, les Saint-Floret comme les Bréon étaient vassaux du Dauphin d’Auvergne. C’est probablement dans cette famille – initialement nommée Champeix, lignage qui serait lui aussi venu du Vivarais – que les Bréon puisèrent le prénom Jaubert qu’on retrouve ensuite à plusieurs reprises dans leur maison.
♦ Aubert (Jaubert ?) de Breone, est cité en 1262 dans le testament de Robert Ier Dauphin.
♦ Maurin II (vers 1220 – † 1280) X Françoise de Rochefort d’Aurouze
Françoise de Rochefort d’Aurouze put apporter à Maurin dans sa dot la seigneurie de Mardogne. Quand Maurin II mourut en 1280 il laissait quatre filles aux alliances réparties comme à la génération précédente entre des familles du Haut et Bas Pays.
Enfants avérées :
♦ Dauphine Ire X Itier de Rochefort d’Aurouze poursuivent la lignée. En dépit des interdictions de l’Eglise qui réprouvait ces pratiques, Dauphine en épousant avant 1266 Itier de Rochefort, fit un mariage consanguin avec un cousin, issu de la famille de Françoise de Rochefort, sa mère.
♦ Marie de Bréon X Pierre de Brezons ( † vers 1302).
Vestiges du château d’Aurouse (Cantal)
♦ Marguerite de Bréon X Pierre de Chaslus. Les Bréon et les Chaslus se côtoyaient de longue date. En 1230, Hugues de Chaslus figurait avec Maurin Ier parmi les cautions de l’accord passé entre Louis IX et le dauphin d’Auvergne (1230). Le château de Chaslus était situé dans le Lembron, non loin des terres que tenait Maurin de Bréon en 1199 à l’ouest d’Issoire. Neveu et héritier de son frère Richard mort sans postérité, Pierre de Chaslus devint au sud-ouest de Compains, seigneur d’Entraygues et de Condat.
♦ Eléonor de Bréon X Géraud de Cros de Murat (Murat le Quaire). Comme Armand de Bréon, Jean de Murat ancêtre de Géraud, aurait fait partie de la troupe de croisés qui fit le voyage outre-mer en 1102.
Dauphine Ire de Bréon († après 1307 ) X Itier de Rochefort qui devient Itier Ier de Bréon
(vers 1245 -marié avant 1266 – † 1307)
Après la mort de Maurin II en 1280, Itier de Rochefort releva le nom de Bréon et l’héritage de Maurin fut réparti entre ses quatre filles. Itier testa en 1307. Son testament où apparait Bertrand de Saint-Nectaire, son gendre, fut ouvert le vendredi après le dimanche des Rameaux en présence de sa femme.
Enfants avérés
♦ Itier II X (1) N. de Saint-Hérent, puis (2) Jeanne de Thiern, poursuit la lignée.
♦ Jaubert de Mardogne – vers 1280, † après le 29 octobre 1334 X Dauphine de Dienne vivante en 1358. Sans postérité. A l’exception des biens importants qu’il laissa à son épouse, l’héritage de Jaubert passa en 1334 à Maurin III, fils d’Itier II.
♦ Dauphine II de Bréon épousa en 1302 le chevalier Bertrand de Saint-Nectaire à qui elle apporta la terre de Châteauneuf près de Riom-ès-Montagnes pour laquelle Bertrand rendait hommage à l’évêque en 1333, année où il testa.
♦ Pierre de Bréon, templier († après 1309).
♦ Hugues de Mardogne, damoiseau en 1279, fut abbé de Neuffonts († 1324). Il pourrait être un frère ou un fils d’Itier Ier.
Brioude, le plafond du doyenné (fin XIIIe s.)
Blason d’Itier de Bréon
Itier II de Bréon (vers 1265, † 1320)
1 – X N. de Saint-Hérent (avant 1286) – 2 – X Jeanne de Thiern (vers 1314)
Itier II succède à son père en 1307. Marié une première fois avec N. de Saint-Hérent, fille d’Ynard de Saint-Hérent (vivant en 1272), Itier se remarie vers 1314 avec Jeanne de Thiern (Thiers), fille de Guy VIII de Thiern et de Marguerite. Itier meurt en 1320 laissant environ huit enfants de ses deux mariages.
Enfants
♦ Dauphine III, aînée des filles (vers 1300 – † avant 1365) X Pierre IV de Tinière (vers 1300 – † après mai 1348 et avant 1349). Encore écuyer, Pierre est seigneur de Val, dans la commune de Lanobre, près de Bort (Cantal). Dite dame de Saint-Hérent, Dauphine est la fille de N. de Saint-Hérent.
♦ Maurin III (vers 1305 – † après le 10 septembre 1366) poursuit la lignée en 1320. Il épouse vers 1321 Mélior de Châteauneuf de Randon (dite aussi d’Apchier).
♦ Itier. Clerc, le frère de Maurin est cité à plusieurs reprises au fil du siècle.
♦ Jehan, (cité en 1326).
♦ Léone († 1349).
♦ Alasie (vers 1290 – † avant 1333) X Hugues de Griffer, seigneur du Crozet de Grèzes. Dite dame du Montpentier qu’elle avait reçu en dot, elle fut nommée dans le testament de son père.
♦ Auzelle, chanoine-comte de Brioude (cité 1295).
Maurin III (vers 1305 – † après le 10 sept. 1366) X Méliore de Châteauneuf de Randon ( † 1347)
Fils de N. de Saint-Hérent, première épouse d’Itier II. Maurin épouse en 1321 Mélior de Châteauneuf de Randon (dite aussi d’Apchier), fille unique de Yolande de Polignac et de Guérin de Châteauneuf d’Apchier. Cette alliance en Gévaudan marque la persistance des liens tissés par les Bréon avec le sud de l’Auvergne. A la mort en 1347 de Mélior, son fils Jaubert devient son héritier universel.
Enfants
♦ Morinet († après 1350).
♦ Jaubert (vers 1322 – † vers 1388), poursuit la lignée.
♦ Dauphine IV († avant 1365) X (1352) Amblard IV de Dienne (vers 1325- † 1358). Elle apporta dans sa dot Saint-Etienne de Chomeil et la terre de Neuvialle qui en dépendait. Leur fille, Guérine, fut dotée à Mardogne par son oncle Maurin III le 27 mai 1365. Veuve de Louis d’Aubusson, elle épousa Bertrand de Rochefort d’Aurouze.
♦ Hugues est encore damoiseau quand il est cité le 22 juin 1357 lors du mariage de Béraud II avec Jeanne de Forez.
Jaubert de Bréon (vers 1323 – vers 1388) X (9 octobre 1376) Alix de Vissac ( † 1424)
Chevalier en 1339, Jaubert de Bréon seigneur de Mardogne tenait des biens à Chavagnac, ce qui laisse à penser qu’il ait pu épouser une Dienne en premières noces. Remarié tardivement le 9 octobre 1376 avec Alix de Vissac, fille de Louis de Vissac, seigneur au Livradois-Forez, d’Arlanc et Murs, ils restèrent sans descendance.
LA FIN DES BREON
Après la mort de Jaubert vers 1388, l’héritage des Bréon passe à Guillaume de Tinière, fils de Dauphine III de Bréon et de Pierre IV de Tinière. En 1354, Dauphine “délaissée” (veuve), avait donné la châtellenie de Saint-Hérent à son fils, le chevalier Guillaume de Tinière. Guillaume était aussi propriétaire à Compains des villages de Chaumiane et Cureyre, achetés à Maurin III (1359, 1361).
Faute à nouveau de descendance masculine, c’est dans la maison de Tinière que s’éteint la maison de Bréon dont nul, cette fois, ne viendra relever le nom.
Blason d’Itier de Bréon (fin XIIIe siècle)
Château de Ravel (Puy-de-Dôme)
4 commentaires sur “– Généalogie des Bréon”
Toujours emerveillé par la qualité de votre travail sur l’histoire de Compains.Votre étude sur les brehon est passionnante.Je m’interroge tout de même sue ces nombreux Morin nés à Brion.Ne pourrait-on imaginer un lien entre ces Maurin et tous ces Morin de Brion et qui sont liés au Champeix.Bien sur, ce ne sont que supputations.(Morin est souvent à l’origine ecrit Maurin…)Un Maurin aurait pu avoir un descendant male, qui se serait multiplié, Pierre ou autre.Quel serait l’endroit le plus approprié pour faire des recherches, auriez-vous des références pour cibler la recherche.Merci et encore Bravo
Mon ancetre Blaise Morin est né en 1723 à Brion,son frere ainé etait Antoine et son Pere Antoine Morin mort en 1756 au mariage de son fils Blaise qui aurait épousé Catherine VERDIER.Blaise etait laboureur à Brion…Encore Bravo
suite du precedent, correction c’est le pere de Blaise qui aurait épousé Catherine Verdier.Blaise est marié à Michelle Boudier.
Belle histoire de nos ancetre
Merci pour cet excellent travail !
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