POPULATION et TERRITOIRE
UN PAYS de CONTRASTES et de DIVISIONS
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Ce que nous dit la géographie
Située en bordure septentrionale du Cézalier, à une altitude souvent supérieure à 1100 mètres, la paroisse de Compains depuis des origines qu’on peut situer vers l’époque gallo-romaine, évolua à l’articulation de divisions géographiques bien spécifiques à son territoire placé entre Monts Dore et Monts du Cantal, entre Artense et “pays coupé”. Ces divisions qui marquent des appartenances multiples induisirent d’importants contrastes entre le nord de la commune, davantage tourné vers les Monts Dore et le sud, plus franchement tourné vers les herbages du Cézalier.
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Des Monts Dore ou du Cézalier ?
L’unité du terroir n’est qu’apparente et on peut y déceler aussi bien des séparations liées à la géologie et à l’hydrologie, que des “frontières historiques” liées au puzzle formé par les seigneuries ou par les bornages dont quelques traces nous sont parvenues.
Les limites spatiales de Compains définissent sous l’Ancien Régime un large périmètre placé au croisement de “pays” différenciés. Voisin de l’Artense, le bourg se situe en marge du “grand chemin” qui conduit de Besse à Egliseneuve par l’ouest du Montcineyre. Au nord, le territoire paroissial est bordé par Besse et les marges sud du massif des Monts Dore. L’extrémité sud-est du finage communal est dominé par la forteresse de Brion qui jouxte les herbages infinis de Saint-Alyre-ès-Montagne. Ici commencent les montagnes d’estive qui s’étendent sur les coulées basaltiques de moyenne altitude aujourd’hui nommées Cézalier.
Le volcanisme, ininterrompu de puis des millions d’années, a laissé de nombreux puys à Compains jusqu’à une période très récente (6000-7000 ans). Formant une première division qui s’étire à l’intérieur du périmètre communal, une cheire en forme de croissant émanation récente du Montcineyre, fractionne la commune. Elle accueille les maisons du bourg dont les habitations furent construites au milieu d’un chaos de rochers qui favorisa l’érection de murets de pierres sèches le long des sentiers, délimitant de mauvaises prairies dont se nourrissent aujourd’hui encore des troupeaux de moutons. La cheire sépare le nord de la commune, peu peuplé mais riche de ses bois, et le sud, plus peuplé et voué aux herbages.
L’hydrographie – L’eau sous toutes ses formes, (ruisseaux, sources, lacs, razes), a servi depuis des temps immémoriaux à délimiter les seigneuries, les propriétés, les paroisses, et plus récemment, les communes et les départements.
Première des divisions hydrographiques à Compains une ligne de partage des eaux traverse le finage de la paroisse suivant une diagonale nord-ouest – sud est qui délimite deux bassins versants : alors que la Couze et la Gazelle s’écoulent vers l’Allier, les ruisseaux occidentaux sont attirés vers l’Entraigues et le bassin de la Dordogne. C’est en se fondant sur cette division géographique qu’on retirera à Compains plusieurs villages [hameaux] à la Révolution.
Les ruisseaux sont présents à profusion dans la paroisse. Moyen commode de division, ils sont souvent utilisés pour borner les propriétés. A titre d’exemple, au Moyen Âge, le ruisseau dit L’Eau derrière séparait la seigneurie des Bréon des seigneuries d’Auzolle et de La Volpilière, tenues par des vassaux des Mercoeur ; au nord, le ruisseau de La Gazelle séparait les terres des Saint-Nectaire et celles des Bréon ; à l’ouest de la commune, c’est une raze, dite raze de Picady non loin de Cisternes, qui servit à matérialiser la frontière entre Compains et le nord de la commune d’Egliseneuve d’Entraigues. Enfin, la Couze née près du bourg forme elle-même une séparation : sa rive gauche est rattachée aux Monts Dore, alors que sa rive droite forme le septentrion des Monts du Cézalier.
Souvent dites Font (Font Pirou, les Fonts, les Fontlonges, Fontaine de Guillaumont, Font de Lavaur…), les sources abondent à Compains et plusieurs d’entre elles sont placées à proximité des frontières de la commune. Les lacs eux aussi remplissent cette fonction frontalière (Lac de Chambedaze, Lac de Bourdouze, lac intermittent de La Fage). Moyen pratique de marquer une limite incontestable, la Fontaine des Trois Seigneurs jaillit entre Puy-de-Dôme et Cantal, là où les terres des Bréon voisinaient avec celles de leurs vassaux.
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Compains – Cadastre 1828 remanié – Source ADPD
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Le “pays” de Compains sur la carte de Cassini
Deux rivières naissent à Compains. La carte de Cassini nous montre le bourg traversé par la Couze – dite de Valbeleix bien que née à Compains – qui prend sa source près des villages d’Escouailloux et de Cureyre. Longée sur une partie de son parcours par le ruisseau de la Gazelle né près du Montcineyre, la Couze conflue avec la Gazelle au Verdier, peu avant le Valbeleix.
On distingue nettement sur la carte la ligne de partage des eaux entre, coulant vers l’est, les ruisseaux du bassin-versant de l’Allier affluents de la Couze et, coulant vers l’ouest, les ruisseaux du bassin-versant de la Dordogne affluents de la Rhue.
Outre le bourg de Compains, quinze villages se répartissent au XVIIIe siècle le vaste territoire paroissial d’environ 80 km² : Brion-Haut, Brion-Bas, Belleguette, Chadeley (Chandelières), Marsol, La Rousaire (La Ronzière), Cureyre, Scouailloux (Escouailloux), Chaumiane, La Gardette, Grolier, Moudeire, Espinat, Redondel, Grafaudet (Graffaudeix).
La toponymie nous renseigne sur la nature peu fertile des terres : Malsagne indique des eaux stagnantes, Espinat des épines, La Ronzière des ronces.
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Compains (carte de Cassini, vers 1760)
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Les divisions de l’Histoire : les limites paroissiales de Compains
Aucune paroisse n’avait de frontières certaines. On peut envisager qu’aux alentours des IXe-Xe siècles le ressort territorial de la paroisse de Compains couvrait, faute d’habitants, un espace surdimensionné dans la direction de Condat, suivant en cela les limites médiévales de la seigneurie de Brion. Les défrichements et l’augmentation de la population liée à de bonnes conditions climatiques permirent ensuite la création des paroisses nouvelles d’Egliseneuve et Espinchal, marquant une partition du territoire où s’inséraient dorénavant les deux nouveaux villages entre Compains et Condat. Les Bréon avaient pour arrière-vassaux à Egliseneuve un Chaslus, et un Espinchal dans le village du même nom.
Dans un répertoire de jurisprudence rédigé avant la Révolution on pouvait lire “toute érection de cure est un démembrement d’une autre paroisse”. Faut-il considérer que la création d’Egliseneuve et d’Espinchal “démembrait” Compains et Condat, distantes de plus de vingt kilomètres ? On peut en douter en un temps où les limites des seigneuries étaient plus prégnantes que celles des paroisses et les dîmes du curé souvent inféodées par le noble local. Espinchal et Egliseneuve surgirent dans ce qu’on pourrait plutôt appeler une “zone neutre”, un espace pionnier tout juste défriché par des colons mais devenu assez peuplé pour que l’évêque autorise la création d’une église, et cela plusieurs centaines d’années après la fondation de l’église de Compains.
Impossibles à déterminer au Moyen Âge, les limites de la paroisse de Compains se confondaient sans doute avec les ruisseaux et les mouvements de terrain et on ne peut faire que des hypothèses fondées sur la documentation aléatoirement retrouvée. Connaitre la perception des dîmes, inféodées ou non, aurait pu éclairer une partie de la question. Encore aurait-il fallu qu’un terroir situé dans deux paroisses voisines ne dépendît pas du même décimateur et que des textes l’aient mis en évidence.
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La Fontaine des Trois Seigneurs
Au Moyen Âge, au sud-ouest de Compains, la suzeraineté et les seigneuries des Bréon s’étendaient jusqu’à Egliseneuve, Condat et Lugarde. C’est là qu’au point de contact entre les trois communes d’Espinchal, Mongreleix et Chanterelle, le cadastre “napoléonien” d’Espinchal (1828), montre un lieu isolé et perdu au milieu des herbages où surgit aujourd’hui encore une source qu’on nommait au XIXe siècle, Fontaine des Trois Seigneurs. En ce lieu, confluaient donc trois seigneuries. Nous sommes à 1170 mètres d’altitude, à la limite de la terre de Chevaspère (com. Espinchal) et de la Montagne de Lascombe (com. Chanterelle). Non loin de là, coule le ruisseau de la Jambe, affluent de la rive gauche du ruisseau d’Espinchal.
Hors d’un chaos de rochers, l’examen minutieux du terrain ne révèle aucune trace d’une construction qui aurait pu signaler en cet endroit une fontaine dont trois seigneurs laissèrent partager l’eau d’une source au bétail de leurs paysans.
Et de quels seigneurs pourrait-il s’agir ? La montagne de Chevaspère est citée au Moyen Âge dans un texte de 1349 où apparait Maurin de Bréon, seigneur de Brion. Maurin était seigneur éminent du seigneur Espinchal et de Richard de Chaslus seigneur d’Egliseneuve, au moins pour une part de leurs biens. On pourrait donc concevoir avec vraisemblance que le nom de la fontaine remontât à l’époque médiévale. La relation de vassalité des Espinchal et des Chaslus, vassaux de leur suzerain Maurin de Bréon, aurait évidemment facilité la jouissance paisible de ce point d’eau par les trois voisins.
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La Fontaine des Trois Seigneurs
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Alors que les textes nous montrent la trace des innombrables conflits d’intérêts surgis au fil du temps autour du partage de l’eau, le nom de cette fontaine, après avoir traversé les siècles, révèle qu’en cet endroit et en des temps sans doute fort anciens, trois seigneurs furent d’accord pour qu’en limite de leurs seigneuries, leur bétail s’abreuvât paisiblement à cette source qui surgit toujours aujourd’hui à Chevaspère et, réminiscence de l’ancien partage des herbages (?), ce sont des barbelés qui divisent en étoile le pied de cette source frontalière avec le Cantal dont la dénomination ancienne n’apparait plus sur la carte I.G.N. Monts du Cézallier.
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Le bornage
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Si les limites des paroisses restèrent souvent floues jusqu’à la Révolution, celles des propriétés privées étaient souvent mal déterminées par les habitants eux-mêmes et ces situations indécises ne manquaient pas de susciter des controverses.
Pour clarifier le découpage territorial et afficher clairement les appartenances, des bornes, parfois armoriées, étaient dressées sur le territoire paroissial. Ce bornage était une nécessité, qu’on veuille en bon accord séparer deux propriétés ou, cas fréquent, qu’on veuille faire taire un conflit de voisinage. Certaines bornes citées fréquemment dans les minutes notariales ont été activement recherchées sur le terrain et parfois retrouvées : borne triangulaire qui marquait la séparation en trois parcelles de la montagne de Barbesèche, bornes de Vauzelle et de Chevaspère, petites bornes à tête semi-circulaire à Chaumiane, pierre Sarraillade armoriée à section carrée qui porte l’inscription du nom d’un ancien propriétaire de la Montagne de Joran. Bornes de péage aussi, mentionnées dans le terrier de Saint-Alyre-ès-Montagne le long des chemins des foires. Elles flanquaient la cabane où on percevait une taxe sur ceux qui se rendaient aux foires de Brion. On notera enfin que lors d’une prise de possession de terre, le bénéficiaire ne manquait jamais d’en vérifier les bornes.
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La Borne de Courbeyre : bornage intercommunal ou ancienne “pierre de justice” ?
Le cadastre de 1828 indique près du Puy de Courbeyre un lieu-dit la borne de Courbeyre, situé à environ 1200 mètres d’altitude. Au tripoint où se rencontrent les communes de Compains, Valbeleix et La Meyrand. L’endroit, correspond à une avancée de la commune de Compains sur la Chaux de Chandelière et la Montagne de Courbeyre juste entre les communes de La Mayrand et Valbeleix. Bien visible en bordure des champs épierrés, la borne n’est pas monolithique mais principalement formée de deux énormes pierres, peut-être initialement superposées, dont l’une est creusée en gouttière. On peut l’atteindre au départ de La Mayrand en suivant le chemin qui conduit vers Beauregard puis en empruntant un chemin perpendiculaire sur la droite.
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La borne de Courbeyre, au tripoint entre Compains, Valbeleix et La Mayrand (Arch. dép. du P.-de-D., cadastre 1828).
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L’emplacement extrêmement précis de la borne placée au tripoint de trois communes incite à privilégier l’hypothèse d’un placement volontaire des pierres à cet endroit, plutôt que d’envisager un dépôt aléatoire remontant à l’époque glaciaire, d’autant que les prés environnants paraissent totalement dépourvus de pierres.
L’hypothèse de la pierre de justice : placée non loin d’un ancien lieu de garde (Beauregard), cette borne pourrait-elle avoir été une pierre de justice médiévale, “recyclée” en borne frontière lors de la création des communes en 1789 ? Disséminées un peu partout, les pierres de justice étaient souvent placées en des lieux élevés (voir la pierre de justice de Ydes-La Garde). La pierre de Courbeyre aurait pu prendre la place d’un gibet placé sur la hauteur. Pour en savoir plus, lire l’intéressant article de Michel Bohaud (Dr. C.N.R.S.), La “pierre de justice” de Ydes-La Garde (site geocybercantal.net).
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La Pierre Saraillade, borne seigneuriale, borne de péage
Témoignage rare et précieux de l’histoire de Compains, on voit aujourd’hui encore la Pierre Saraillade, dressée sur la Montagne de Joran. La pierre est l’un des derniers témoignages des bornes seigneuriales, armoriées ou non, qui matérialisaient les limites des propriétés à Compains. A trois kilomètres à l’ouest de la butte de Brion, sur la pente septentrionale de la Montagne de Joran (alt. 1300 mètres), la Pierre Saraillade est une borne de péage placée – depuis au moins la première moitié du XVIIe siècle – à la séparation entre les terres de la châtellenie de Brion et les herbages du Joran. L’étymologie reflète la fonction liminaire de la pierre. Saraillade dérive du terme méridional sarrail ou saroil (du latin serrare, fermer). Haute d’environ un mètre, parallélépipédique, la pierre de basalte a reçu au fil du temps plusieurs inscriptions. En dépit du mauvais état de la sculpture, on distingue sur la face nord-est de la pierre tournée vers Brion, un écu taillé en réserve dans la roche, présentant une demi sphère sculptée en son centre. Ce blason, qui fait face à la seigneurie de Brion, est aux armes de l’un des propriétaires qui posséda le sommet de la Montagne de Joran. Sur la face opposée orientée au sud-ouest, une croix bien visible et qui ne semble pas très ancienne a été inscrite dans la pierre où elle voisine avec plusieurs autres inscriptions.
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Pierre Saraillade – Au fond, le Montcineyre
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“Mobilité” des bornes
La “malignité” des compainteyres, (ainsi désignés dans les textes du XVIIIe siècle), pouvait rendre les bornes volatiles. Déplacer les bornes était une activité prisée par les habitants qui s’adonnaient à l’occasion à les remuer pour étendre leur parcelle et empiéter sans vergogne sur les terres d’un voisin, sur un chemin ou sur les communaux.
Le prêtre de la chapelle Saint-Jean-Baptiste de Brion n’échappa pas aux empiètements des paysans. En 1720, Guillaume Besseyre, fils d’un bourgeois de Besse où il résidait dans sa famille, était le vicaire qui desservait la chapelle de Brion. Cette non-résidence que le prêtre pratiquait “comme la plupart de ses prédécesseurs” arguait-il pour s’en justifier, incita les paysans de Brion à profiter de cet absentéisme.
Les revenus du prieuré étaient fondés sur quelques prés, affermés par le vicaire à des brionnais qui, profitant de l’éloignement de l’ecclésiastique eurent “la malice d’étendre et d’enlever une partie des bornes […] de telle manière que les revenus sont présentement réduits à très peu de choses et ne peuvent subvenir aux charges attachées au prieuré” déplorait le religieux. Il finit par en appeler au juge de la châtellenie de Brion contre les usurpateurs pour que soient replacées les bornes et condamnés les contrevenants. Mais la justice était lente, et le constat de ces empiètements ne sera – semble-t’il – réalisé que sept ans plus tard.
A Brion toujours, Louise de Miremont comtesse de Brion, fait en 1743 une procuration à son fermier Jean Eschavidre “pour raison de la conservation des bornes” contre Jean Chanet de Brion, dans le cadre d’un procès qui est pendant devant la justice de Compains. Chanet avait empiété sur la réserve seigneuriale, pourtant bornée.
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Bornage entre la “paroisse haute” et la “paroisse basse”
Au XVIIIe siècle, dans le contexte bien particulier de la réfection des routes, on avait planté une borne qui séparait la “paroisse haute” proche d’Egliseneuve d’Entraigues, et la “paroisse basse” où on trouvait le bourg. La paroisse haute était composée des hameaux de Graffaudeix, les Granjounes, Moudeyres, Espinat et Redondel. Ces villages du bassin versant de la Dordogne marquaient l’entrée dans la terre d’Entraigues et seront donnés à la commune d’Egliseneuve d’Entraigues à la Révolution.
A l’occasion des travaux d’entretien routier entrepris en 1770 sur le “grand chemin” qui reliait Clermont à Besse et Egliseneuve, il apparait que chacune des deux portions de la paroisse entretenait et financait séparément ses chemins. Les moyens financiers supérieurs dont bénéficiait le bourg lui permirent de sous-traiter les travaux à un entrepreneur. Les habitants de la paroisse haute, qui cherchaient à gagner du temps, ne vinrent pas participer aux débats.
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Bornes à Chaumiane
Au sud du hameau de Chaumiane, le bois de la Jalène couvrait en 1866 une superficie d’environ dix hectares. Principalement peuplé de hêtres, ce bois exposé au sud-est dévale un coteau pentu qui s’étend de part et d’autre de la route qui conduit à Chaumiane. La lisière de ce bois est aujourd’hui encore bordée d’anciennes bornes en pierre espacées d’environ deux cents mètres, sans doute plantées au XIXe siècle. Ces bornes devaient marquer la limite entre la parcelle boisée de la Jalène et la prairie jointive qui n’appartenaient pas au même propriétaire. Hautes d’une quarantaine de centimètres les bornes ont un sommet arrondi et sont dépourvues de marques distinctives.
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Chaumiane – Borne du bois de la Jalène
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Vauzelle – Borne (?)
En limite nord-est de la seigneurie de Brion, on remarque une suite de pierres triangulaires ou non qui pourraient avoir balisé les limites de la seigneurie.
Vauzelle
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Borne à Gaine (com. La Godivelle)
Borne près du lieu dit Gaine entre La Godivelle et Espinchal
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L’épineuse question du rattachement administratif de la commune
A la fin du XVIIIe siècle, une question agitait les esprits : fallait-il rattacher Compains au district d’Egliseneuve ou plutôt à celui de Besse ? Le rattachement à Besse et Clermont-Ferrand répondait au vœu des habitants qui redoutaient les dangers des chemins, souvent impraticables et dangereux l’hiver, qui menaient vers Issoire. Une tentative de l’intendance d’Auvergne pour rattacher Compains à la subdélégation d’Issoire en 1782 avait déchaîné une levée de boucliers chez les compainteyres “ce qui leur occasionnera… de grans embarras… car de Compains pour aller à Ardes il faut au moins trois jours y compris un jour pour séjourner et en tems d’hiver il arrive très souvent qu’il est impossible de pouvoir y aller par rapport aux neiges qui tombent dans ces montagnes”. Une pétition, “signée par une infinité d’habitants” et appuyée par le curé accompagnait cette requête adressée à l’intendance.
Pour calmer les esprits, l’Administration dut reconnaître avoir sous-estimé la dangerosité de la traversée hivernale des montagnes et Lafont de Saint-Mart, subdélégué d’Issoire – qui ne tenait pas à récupérer dans sa subdélégation les gens des montagnes réputés ingouvernables – proposa à l’intendant de nommer un nouveau correspondant à Besse et d’y rattacher les montagnards. Ce qui fut fait, et Compains resta finalement rattaché à Clermont. Pendant la Révolution, Compains fut un temps rattaché au district d’Egliseneuve d’Entraigues avant de revenir vers Besse.
Extrait de la base Overnia de la Bibliothèque du Patrimoine, le fragment de carte ci-dessous a été tiré d’une carte établie en 1790 par Desnos ; il a tracé une ligne rouge orientée nord-sud qui représente la séparation entre le district d’Issoire (à l’est), et le district de Clermont-Ferrand (à l’ouest) dont font partie Compains, Egliseneuve d’Entraigues, Espinchal et Besse. A l’est, la ligne de séparation suit le ruisseau dit L’eau derrière qui, sous le nom de ruisseau du Sault s’enfonce dans les gorges pour finalement se jeter dans la Couze du Valbeleix.
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Desnos (Louis-Charles) Carte du département du Puy-de-Dôme dressée en 1790, année de la création des 83 départements de France (Source : B.P.C.-F. OVERNIA)
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Cette séparation entre les districts d’Issoire et de Clermont-Ferrand reflétait la permanence d’un très ancien découpage territorial, originellement déterminé par les grandes principautés médiévales. Jouxtant Compains à l’est et au sud, on trouvait au Moyen Âge les terres des Mercœur, installés au XIIIe siècle dans leur château d’Ardes, alors qu’à Compains et au Valbeleix la suzeraineté éminente des terres allait à la maison comtale du Dauphin d’Auvergne dont les Bréon et les Saint-Nectaire étaient les vassaux.
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La commune de Compains privée de plusieurs villages à la Révolution
Succédant à la Basse Auvergne, le département du Puy-de-Dôme créé le 25 mars 1790 se trouve divisé pour quelques années en huit districts. Les communes succèdent aux paroisses en 1792-1793. Romme, auvergnat de Riom inventeur du calendrier révolutionnaire, déclare à la Convention le 10 brumaire an II (31 octobre 1793) “il n’y a [plus] que des communes”.
Compains, La Godivelle, Espinchal et Egliseneuve-d’Entraigues se retrouvent alors à la limite sud du nouveau département du Puy-de-Dôme. La réforme administrative de 1791 crée de façon éphémère des districts. Celui de Besse comprenait 29 communes au nombre desquelles ne figurait pas Compains, pourtant traditionnellement tournée vers Besse et son marché.
Les limites de Compains sont alors sévèrement retouchées. Un décret du 13 juin 1791 avait prescrit aux directoires des districts de nommer des commissaires qui devaient se rendre dans les communautés dont les limites n’avaient pas encore été fixées pour procéder à leur délimitation en présence des consuls concernés. Les consuls de Compains manquèrent-ils de vigilance pour défendre leur commune ? Fit-on prévaloir la démocratie directe et des raisons pratiques de proximité des villages du bassin versant de la Dordogne tournés vers l’Entraigue et naturellement attirés par Egliseneuve ?
Toujours est-il que le rattachement momentané de Compains au district d’Egliseneuve d’Entraigues s’assortit de l’amputation définitive de plusieurs villages : Graffaudeix, Granjounes, Moudeyre, Espinat, Chabagnol et Redondel furent rattachés à Egliseneuve. Compains perdit alors environ 353 habitants et la population du village qui atteignait environ 1109 habitants tomba à 756 compainteyres.
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L’ouest de la commune de Compains rattaché à Egliseneuve
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Les habitants de ces hameaux de Compains étaient de par la configuration du relief “naturellement” attirés vers Egliseneuve comme l’attestent des actes de baptême, mariages et décès retrouvés dans les registres paroissiaux d’Egliseneuve. Ces habitants, distraits des registres de Compains, doivent y être réintégrés si on veut établir des statistiques qui révèlent précisément la démographie historique du village avant les recensements du XIXe siècle.
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A SUIVRE
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3 commentaires sur “POPULATION et TERRITOIRE”
Bonjour . En fait , je suis à la recherche d’un lieu dit appelé ” ferme de Gaine ” qui se trouverait sur la commune de Compains … ( existait encore en 1907)
Si vous possédez quelques renseignements sur ce localité , merci par avance
Très cordialement
Bonjour,
Gaine est indiqué sur la carte I.G.N. au 1/25000e Monts du Cézalier. L’endroit, où subsiste un buron, est situé en limite sud de Compains mais sur la commune de La Godivelle. Vous le trouverez au bord du chemin de terre qui conduit de La Godivelle à Espinchal (GR 30 tour du Cézalier).
Cordialement,
Anne-Marie Boyer-Gouédard
Bonjour.
Vous évoquez une union entre P de GIAC et Marguerite de BORNET.
Sur quels documents vous appuyez-vous pour dire ceci ?
cORDIALEMENT;
X.BURLON
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