Compains

Histoire d'un village du Cézallier

– Maisons et symboles

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Conserver la mémoire du village

      Profitant de la bonne volonté de nombreux habitants, il nous a semblé qu’il était temps de fixer une ébauche de la mémoire du patrimoine bâti du village. Comme tous ceux de notre recherche, ce chapitre est appelé à évoluer au fil de nos découvertes. Il est particulièrement dédié aux nombreux compainteyres qui, adhérant à la démarche de l’auteure (petite-fille de Jean Boyer, né à Compains dans la maison du Cougny en 1866, et de Annette Jourde née à Boutaresse, commune de Saint-Alyre-ès-Montagnee en ), ont renseigné cette recherche et nous ont laissé approcher leurs textes familiaux et leurs demeures. Qu’ils soient ici chaleureusement remerciés de leur confiance, ils trouveront leurs noms au chapitre “C’était Compains”.

      Notre objectif ci-après est donc de nous intéresser aux extérieurs comme aux intérieurs des maisons de la commune et d’y “dénicher” les détails ou les particularités qui marquent – pour combien de temps encore – leur histoire et leur vécu. Tous ceux qui à l’avenir voudront contribuer à étoffer ce conservatoire de la mémoire seront les bienvenus.

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ANCIENNETE des VILLAGES-HAMEAUX de COMPAINS

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      On sait par les auteurs anciens (Sidoine Apollinaire au Ve s. et Grégoire de Tours au VIe s.), que depuis les débuts du premier millénaire, des hommes s’étaient établis dans le milieu peu hospitalier des montagnes septentrionales du massif que nous nommons aujourd’hui par commodité, le Cézalier. Bien avant eux, des groupes humains se déplaçaient dans les montagnes, pratiquant la chasse, la cueillette et l’élevage.

      Autour de l’an Mil, près de la très ancienne paroisse de Compains christianisée dès le IVe siècle, des groupes d’habitants sont devenus assez nombreux pour autoriser la création des nouvelles paroisses d’Egliseneuve et Espinchal dont les ressorts se sont insérés entre Condat et Compains. Maisons, châteaux et églises passent du bois à la pierre. On bénéficiait alors d’une période d’environ trois siècles de réchauffement climatique propice à l’augmentation de la production et, par voie de conséquence, à la croissance de la population. Cette séquence favorable autorisa vraisemblablement le développement des estives et l’installation de hameaux d’altitude, protégés de loin en loin par des lieux défensifs. Certains villages-hameaux apparus durant cette période climatiquement faste disparurent sans doute momentanément ou définitivement au fil du Moyen Âge, soit suite aux malheurs du temps – retour de la peste en 1348 puis guerre de Cent Ans après la défaite de Poitiers (1356) – soit suite à un changement dans les modes d’exploitation. La froidure, dite “petit âge glaciaire”, qui fit son retour vers 1320 pour s’étirer ensuite durant cinq siècles jusqu’au milieu du XIXe siècle, fit sans doute s’évaporer quelques hameaux isolés.

      Pourtant, au hasard des textes médiévaux que nous avons pu retrouver, on peut percevoir l’ancienneté et le nombre des villages-hameaux de la paroisse de Compains au XIVe siècle (le bourg, Brion, Chaumiane, Cureyre, Escouailloux, Roche, Moudeyre, La Fage, Grosleix, Graffaudeix, Espinat, Redoncel, Chabaniol…). Et tous n’ont probablement pas été repérés. C’est donc non seulement l’ancienneté de ses villages qui caractérise Compains mais aussi leur permanence à travers vents et marées, puisqu’on les retrouve aujourd’hui pour la plupart, dépeuplés mais vivants.

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CONSTRUIRE en MOYENNE MONTAGNE

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La maison des montagnes occidentales

      Durant des siècles, la maison du Cézalier septentrional, soumise à de fortes intempéries, fut le plus souvent construite face au soleil, fut un lieu où cohabitèrent humains et animaux. Dans un même rez-de-chaussée se succédaient en enfilade la pièce à vivre et l’étable, séparées par une porte ou une barrière à claire-voie qui permettait aux habitants de profiter de la chaleur animale. Sous les combles, on stockait le fourrage dans la fenière qui, conjointement avec les animaux de l’étable, contribuait au maintien d’une température supportable dans le logis. La longueur de l’étable et le nombre de ses fenestrous, souvent rares, reflétait la taille du cheptel des paysans. Chaque maison avait creusé sa cave garde-manger, plusieurs avaient un puits et même parfois un four. A Compains avant la Révolution, on sort rarement de ce schéma traditionnel dans les procès-verbaux de construction d’habitations.

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Des matériaux majoritairement locaux

     A de rares exceptions près, les maisons du village restèrent frustes jusqu’au second tiers du XIXe siècle, Certaines, peu nombreuses, eurent cependant tendance à s’urbaniser, en particulier celles où l’on exerçait une activité commerciale. Pour construire les bâtiments de Compains, on utilisait quand on le pouvait les matériaux qu’on avait à portée de la main. Faute de moyens, on négligeait les risques d’incendie et on couvrait les toitures avec les gluis du seigle cultivé communément dans la région et dont les longues pailles offraient une bonne résistance aux éléments. Pour acheminer 700 gluis de paille sept paires de bœufs étaient nécessaires.

      Ce chaume pouvait avoir un autre usage important. Durant la période de jointure du printemps, la pénurie de fourrage était particulièrement redoutée. On ne pouvait monter trop tôt les bovins à l’estive sans risquer de décimer le troupeau saisi par le froid des hautes terres après un hiver passé au chaud dans l’étable. Quand la réserve de foin était épuisée, en attendant les beaux jours, on utilisait en dernier recours le chaume des toitures des maisons qu’on dégarnissait pour nourrir momentanément les bovins. Les plus commodes, ceux qui, plus fortunés, pouvaient éviter de couvrir de chaume leur maison, utilisaient les lauzes de la région avant leur remplacement par les ardoises.

      Bien que la provenance des matériaux soit rarement précisée dans les minutes notariales, on connait  dans la région les carrières à ciel ouvert de Montredon entre Besse et Murol, près de Besse la pierre à bâtir de Thiollères  (la tuilerie, forme francisée de l’Occitan teullera) où des pierriers sont encore visibles, ou encore La Tiollière entre Egliseneuve et Espinchal et Las Tiolas à La Godivelle. Au Luguet (commune d’Anzat-le-Luguet), on exploitait les “tuiles des carrières du Luguet” dont était couvert en 1888 le moulin de Tartière au lieu-dit La Cabane et La Gardette-La Ferrade, le long du ruisseau dit L’eau derrière au pied de la Motte de Brion.

      Arrive enfin avant la fin du XIXe siècle l’ardoise de Travassac (commune de Donzenac, Corrèze), moins onéreuse à l’achat que la lauze. Selon d’anciens compainteyres, les ardoises qui couvrent certaines maisons du village proviennent de ce pittoresque gisement ardoisier qu’on exploitait à ciel ouvert. En dépit de leur coût plus élevé que celui du chaume de seigle, les ardoises de Travassac, solides et d’une étanchéité exceptionnelle, mirent fin progressivement au règne des gluis qui, outre leur inflammabilité, présentaient l’inconvénient d’être consommé par les animaux quand, comme souvent, les toitures rasaient le sol.

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Des toitures rasantes pour mieux se protéger du froid

      A Brion, à Marsol, à Jassy (com. de Saint-Alyre-ès-Montagne) ou aux Chirouzes (com. de Saint-Anastaise, aujourd’hui Besse), les toits très pentus couverts de chaume rasaient parfois le sol et devaient être protégés de l’appétit des animaux. Aux Chirouzes, en limite nord de Compains, une étable dont le toit frôlait le sol était entourées de grandes pierres plates et pointues dressées verticalement, censées peut-on penser, empêcher les bestiaux de consommer le couvert à paille des toitures. Cette pratique repérée aux Chirouzes est décrite par Luc Breuillé et alli, auteurs de l’ouvrage Maisons paysannes et vie traditionnelle en Auvergne (éd. Créer). A Marsol, ces pierres devenues inutiles après la disparition du chaume bordent désormais les jardins.

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Sur le foirail : menaces contre les gluis de seigle des toitures des auberges

      Lors des foires de Brion, les aubergistes qui ouvraient momentanément des estaminets sur le foirail devaient protéger la paille des toitures trop basses qui attiraient la convoitise des animaux. Des mesures de précaution exigées par les propriétaires des bâtiments s’expriment par exemple en 1766 dans un bail à ferme passé entre Jean-Charles de Laizer, seigneur de Brion qui agit en tant que propriétaire des cabanes du foirail, et Pierre Perrier, un hôtelier de la ville d’Ardes qui voulait louer une cabane pour y vendre du vin les jours de foire. Aux termes du bail, Perrier dut s’engager à “empecher que les chevaux les jours de foire ne detruisent le couvert à paille” de la cabane qu’il voulait louer.

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Le mystère des pierres plates de Marsol

      La mémoire collective est de peu de secours quant à l’origine des pierres taillées en pointe et dressées les unes contre les autres encore visibles notamment à Marsol et non loin de là, aux Chirouzes. Pourquoi ne trouvait-t-on pas de telles pierres dans toutes les régions de montagnes où la paille des toitures rasait le sol ? Faisons une hypothèse. Ces pierres qui aujourd’hui enclosent les jardins sont très localisées aux abords du Puy Moncey. On peut même penser qu’elles pourraient avoir été extraites de ce volcan peléen qui se dresse à l’entrée de Marsol et où fut exploitée un temps une carrière. Les minéraux de ce puy ont été étudiés par des géologues qui y ont repéré une espèce de phonolithe presque unique en France et qu’on ne retrouverait qu’à Blesles [voir : Thonat (A.) et alii, BRGM, Carte géologique de la France 1/50 000 – Notice explicative de la feuille de Massiac, p. 88].

      Trop fragile, cette phonolithe du Moncey ne peut se débiter en dalles aptes à couvrir les toitures. Par contre, on peut concevoir qu’elle ait été débitée en dalles pour d’autres usages. Il est donc permis d’envisager que les cultivateurs de la région aient pu trouver dans ces pierres inutiles aux toitures une opportunité pour former des barrières pour tenir les animaux à distance du seigle des toits rasants des bâtiments. Aujourd’hui on leur a trouvé un nouvel usage pour border les jardins.

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Marsol – Pierres dressées le long d’un jardin. Au fond on aperçoit une grange avec pignon à redent surmonté d’un épi de faîtage taillé en boule. Ces pierres de forme arrondie sont parfois nommées cocu, un terme qu’on peut rapprocher du Cocudoux, montagne au sommet arrondi située à l’ouest de la commune.

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L’exception du clocher

      Comme le Mont Saint-Michel, le clocher octogonal de Compains présente la particularité d’être couvert de tavaillons de châtaignier, un arbre qui pousse abondamment dans certaines régions de l’Auvergne comme le bassin de Maurs (Cantal), par exemple (la châtaigneraie). Cette pratique qu’on retrouve surtout en régions de hautes montagnes est rare en Auvergne (voir l’ouvrage de Marcel et Maryse Pierre, Clochers de Basse Auvergne, éd. Créer, 2006).

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      Selon les Anciens du village, quand s’imposait la nécessité de refaire à neuf le clocher, des compagnons couvreurs spécialisés dans les toitures en bois qui devaient faire halte à Compains prenaient pension à l’auberge Tartière-Guittard qui faisait face au chevet de l’église. Les Anciens racontent qu’après leur dernière campagne de couverture du clocher de Compains, les compagnons partirent travailler dans les Alpes.

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Brion bas – Toit pentu d’une grange adossée à la petite butte basaltique qui flanque la Motte

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Toit rasant à Jassy (Saint-Alyre-ès-Montagne)

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Le DÉROULEMENT des TRAVAUX

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L’état des lieux

      Rédigés par le notaire, les procès-verbaux de construction d’une maison, comme le détail des travaux à conduire dans des bâtiments ruinés ou dangereux, sont réalisés de façon formelle par un notaire, en présence du maître d’ouvrage, des maîtres d’œuvre, maçons, couvreurs et charpentiers, et sous l’œil de plusieurs témoins, dont parfois le procureur d’office de la seigneurie. Le bâti est souvent décrit en état de déshérence. De façon générale, les archives montrent que le bâtiment qu’on reconstruit ou qu’on améliore apparait mal entretenu et souvent laissé à l’état de chezal (ruine). La documentation montre des bâtisses complètement décrépites, “on ne peut s’empecher de tout refaire a neuf”….“hors d’état d’empecher de mouiller les biens et fourrages qui y seraient ameublé”, ou encore dépourvus du nécessaire, “aucun plancher pour battre les bleds”. On sent que, souvent, on a attendu le dernier moment pour intervenir. Parfois, dans le cas de bâtiments devenus dangereux, on se limite aux réparations “pressantes et nécessaires…pour empecher entiere destruction”.

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Les maîtres d’œuvre

      Les travaux sont précédés d’un examen détaillé par les maîtres maçons, couvreur et charpentier. On évalue l’état du bâtiment avec, par esprit d’économie, le souci de réemployer quand c’est possible les matériaux souvent en fin de vie “le couvert a paille est si mediocre que la paille ne peut servir qu’a faire du fumier”. Quand on le peut, les travaux sont réalisés par des artisans de Compains ou de la région proche (Besse, Champeix). Aux portes de Compains, c’est un charpentier et un maçon de Saint-Anastaise, Pierre Magny, qui rénove pour 189 livres la “maison grange étable” que Jean Valon de Chaumiane veut faire construire en 1709 à la place d’un chezal. L’artisan local est souvent associé à un maître maçon ou à un couvreur de passage souvent venu de la Marche (aujourd’hui la Creuse), celui-ci “estant présentement dans le bourg de Compains”. Certains ont leurs habitudes et à plusieurs reprises, les maçons viennent des villages de Gioux et de La Nouaille, dans la Creuse.

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A Moudeyre sur les hautes terres d’Entraigues (2020)

Ce hameau, aujourd’hui presque totalement déserté, faisait partie de la paroisse de Compains avant la Révolution

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      Il pouvait arriver que charpentier et maçon acceptent des conditions désavantageuses qui les conduisent à regretter le prix fait au client. Ainsi en 1725 quand François Giroix de Boslabert (com. Saint-Alyre-ès-Montagne) fait construire à prix fait une petite maison pour le prix de 90 livres, (70 livres pour la charpente et 20 livres pour la maçonnerie), “le tout fait a pierre, chaux, sable et mortier”. Ces matériaux seront fournis par le maître d’ouvrage, ce qui semble expliquer le bas prix de la maison. Les maîtres d’œuvre, Christophe Brossel, maître charpentier d’Ardes et Robert Morelle, maître maçon à Dauzat, attendront l’année 1740 pour enfin pouvoir donner quittance à François Giroix qui vient seulement de régler don dû, quinze ans après la réalisation des travaux. Jurant qu’on ne les y reprendrait plus, ils vont jusqu’à jurer dans la quittance “ne plus vouloir pour pareille somme se charger de construire semblable maison” !

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Un maçon austro-hongrois à La Godivelle

      A l’occasion, on embauche un artisan étranger parfois venu de très loin et de passage dans la région. En 1806 à La Godivelle commune qui jouxte Compains au sud, Bernard Tarnat emploie Joseph Chalnachy, un maître maçon “autrichien-hongrois”, originaire du lieu de Sabatino en Autriche. L’homme, qui travaille depuis environ huit ans dans le Puy-de-Dôme, doit retaper à La Godivelle un chezal de maison qui comprend classiquement, outre le logis, une grange et une écurie à l’image des nombreuses maisons bloc abondantes dans la région. C’est Jean Tartière de Compains, couvreur de son métier, qui s’attellera à la couverture du bâtiment avec 1000 gluis de seigle, travail qu’il estime à dix journées.

      Les travaux à réaliser sont importants : il faut refaire le chapial (pignon), la cheminée, les portes et les murs qui s’écroulent. Une partie des planchers et des poutres sont pourris. Pour ce travail qui doit durer 70 jours, le maçon devra remployer une partie des pierres du chezal pour ne pas trop dépenser. Il devra en outre utiliser des matériaux qui, pour la plupart, ne se trouvent pas sur place : de la chaux et six tombereaux de “terre grasse”, (terre argileuse), pour réaliser le mortier, huit chars de pierres brutes, dix tombereaux de sable et trente de mortier. Les matériaux qui viennent de loin devront être “conduits à pied d’œuvre en raison de leur éloignement”, une provenance qui n’est malheureusement pas précisée.

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Compains – “la cabane à Mouné” avec sa porte losangée (photo Jean-Pierre Bernard)

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      A Compains, il n’a pas été possible de retrouver pour le moment des comptes de construction complets et précis. il n’est pas clair de déterminer qu’elle part des matériaux on réemploie, quoiqu’il soit évident qu’on cherchera à réemployer la plus grande partie possible des pierres de taille encore utilisables. La provenance des matériaux, le coût de leur transport pour le maître d’ouvrage ne sont pas précisés dans la documentation retrouvée. Ce que déplore l’habitant, c’est le coût du transport, rendu onéreux par l’isolement du village et le mauvais état des chemins : “le transport de la chaux est beaucoup plus cher a Compains que dans les communes de Limagne. On es obligé de l’aller chercher a cinq lieues du pays”. On ne pouvait utiliser les meilleurs mortiers de chaux. Trop éloignés, ils provenaient de fours réputés de Limagne, en particulier de Reignat, éloigné d’une soixantaine de kilomètres de Compains. L’arrivée de nouveaux moyens de transport au XIXe siècle, mettra enfin à portée de main tous les matériaux qu’on se procurait laborieusement auparavant loin du village.

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Des MAISONS de COMPAINS dans l’HISTOIRE

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Au temps des Bréon : un ancien hameau (XIIe siècle) entre Les Yvérats et Cureyre

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Entre les Yvérats, et Cureyre, des fouilles pratiquées dans les années 2010 par une équipe d’archéologues ont mis au jour entre Cureyre et les Yvérats des fondations de bâtiments semi-enterrés – Rapport sur Open edition

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       Profitant de la fluctuation positive du climat qui court des années 900 jusqu’à 1315, la trouvaille archéologique des Yvérats montre que l’habitat paysan a quitté la vallée où on peut penser que se situait la villa gallo-romaine des origines, pour gagner en altitude et se rapprocher des estives. C’est vraisemblablement durant cette période tri-séculaire de réchauffement climatique qu’on vit les villages d’altitude se multiplier à Compains tels que la documentation nous permet de les identifier au milieu du XIVe siècle. Les habitations exhumées entre les Yvérats et Cureyre pourraient bien être une dépendance du domaine alleutier avéré que les Bréon tenaient à Cureyre dont l’existence est documentée au XIVe siècle. Contrairement à la seigneurie de Brion, vassalisée en 1222, la terre de Cureyre était restée libre de toute sujétion au XIVe siècle, si ce n’est qu’elle était sous la coupe des Bréon qui n’y devaient l’hommage à personne, pas même au roi de France.  

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1663 – Une mariée reçoit une maison dans sa dot

      Les sources du XVIIe siècle montrent que les Blanchier (Blancher, Blanchet), étaient une famille relativement commode. A l’occasion du mariage en 1663 de leur fille Catherine Blanchier avec Antoine Morin, ses parents Guillaume Blanchier et Marguerite Guérin lui offrent une dot plus conséquente que la moyenne des constitutions jamais rencontrées à Compains à cette époque. Cette dot comprenait en particulier une petite maison de quatre brasses de longueur (une brasse valait environ 1m. 60), complétée d’une cave avec cellier, d’un jardin et d’une basse-cour. Le tout était estimé 150 livres.

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1685 – Vente d’une importante maison à un aubergiste

      Veuve de François Roux, dit Joye, laboureur à Cureyre, Françoise Roche est endettée. Elle vend en 1685 à Michel Juillard, hoste (aubergiste) au bourg de Compains, une vaste maison pour le prix élevé de 400 livres. L’habitation est composée d’une antichambre et de deux chambres chacune dotée d’une cheminée. S’y ajoutaient un four, une cave, une grange, une étable et une basse-cour.

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Maison bloc à terre à Chaumiane

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Début XVIIIe siècle : au Cougny, construction d’un buron qui sera transformé en habitation 150 ans plus tard

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La maison du Cougny (1936)

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      On distingue encore la cheminée et des traces de chaume sur la toiture. La famille Boyer de Compains à acheté à une date inconnue qui précède 1665, la “parra escougny” (le pré du Cougny). Un premier bâtiment y sera construit avant 1745. C’est un buron à vocation purement agricole, complètement isolé sur la montagne et qui fait face au nord. On reconstruira ce buron qui sera compartimenté dans la seconde moitié du XIXe siècle. On y ajoute alors une cloison de bois munie d’une porte pour créer une petite salle commune avec cheminée séparée de l’étable. C’est là que naitra en 1866 Jean Boyer, fils cadet d’Antoine Boyer et Marguerite Crégut de Cureyre (voir le chapitre La maison du Cougny). 

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Maison-grange-étable à Barbesèche

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1762 – Le curé de Compains achète et prend possession d’une modeste maison

  • L’achat

      Pierre Besson, curé de Compains en 1762, achète comptant pour un montant de 87 livres, une modeste maison que lui vend Pierre Morin, laboureur, au “bourg paroissial” de Compains. C’est une “petite maison sittuée au lieu de Compains…de la contenance d’environ trois brasses de long (environ cinq mètres), et trois en large avec un petit jardin potager au devant de la porte de la maison…ledit jardin de la contenue a semer un demy carton de chenevy (chanvre)… déclarant le vendeur que la maison n’est composée que de quatre petites poutres…qu’il n’y a au plancher que dix planches de bois de sapin…les couverts a paille de devant presque neufs, le derrière presqu’usé…une petite fenetre…la cheminée ayant son manteau en bois…deux lits clos qui sont aussy a demi usés et de petite valeur…”. Après cet achat restait à prendre possession de la maison, un acte qui s’accompagnait toujours de gestes symboliques.

  • La prise de possession

      Le jours suivant, en compagnie du notaire et de plusieurs témoins, le curé se transporte jusqu’à la maison qu’il vient d’acheter. La prise de possession s’effectue par le biais de gestes rituels. Le religieux met du bois dans la cheminée, “visite les lits clos”, ouvre et ferme la fenêtre et la porte, se transporte au jardin où il ramasse quelques pierres qu’il jette, “prend et rompt une petite branche d’un petit prunier qui est enradiqué dans ledit jardin et crie par plusieurs et diverses fois qu’il en prenait possession du tout”. De tels gestes symboliques étaient pratiqués par tous les acheteurs d’un bien, y compris par le nouveau curé quand il venait prendre possession de l’église de sa paroisse.

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1772 – Géraud Roux fait construire une maison à Espinat

       Au sud-ouest de Compains, le hameau d’Espinat, qui relevait du baron de Saint-Hérem sous l’Ancien Régime, fera partie de la paroisse de Compains jusqu’à la Révolution. Venu du hameau de Chaumiane, le laboureur Géraud Roux vient s’installer en 1772 à Espinat où il décide de faire construire une maison qu’il veut entourée de jardins – un ort à chanvre et un ort à viande (ort à viande : jardin potager).

  • Les maîtres d’œuvre

      Le procès-verbal de la construction que fait dresser le maître d’ouvrage Géraud Roux met en évidence l’intervention d’artisans d’origines variées. Venus de la région, François Berthelage est maître charpentier à Besse et Guillaume Coissard maître couvreur à paille au village d’Espinat. Comme souvent, s’y ajoutent des artisans itinérants originaires des régions voisines. Du Limousin provient le maître maçon, Jean Haire, de Saint-Hilaire de Foissac en Corrèze. Le maître couvreur à tuiles, Jean Lemerie est venu de Saint-Pardoux dans la Creuse.

  • La maison

      Classique, la maison se présente sans étage et d’un seul tenant. Elle comprend le logis, l’écurie, la grange et, signe de la commodité de Géraud Roux, un four privé, avantage qui montre d’autant plus l’aisance relative du maître d’œuvre qu’il entraine généralement le paiement d’une taxe compensatoire au seigneur. Grande, la bâtisse est longue de dix toises et deux pieds (environ vingt mètres) et large de quatre toises quatre pieds (environ neuf mètres). La porte et les deux fenêtres sont logiquement placées “a l’aspect de jour et midy”. Un fenêtre éclaire la salle commune, l’autre l’écurie. Accolé au mur nord de la maison, on trouve le four de douze pieds de circonférence et une cave voûtée construite hors sol. Tous deux sont “couverts a thuile”, sans doute avec des lauzes d’origine volcanique qu’on a vu très présentes dans les Dores où elles sont extraites des tuilières à ciel ouvert de la région. Au fond de la salle commune, le mur aveugle sera occupé par des lits de bois que devra fabriquer le charpentier. Dans l’évaluation des coûts, le prix des lits est inclus avec celui des ferrements (serrures) et des grillages. Le montant des travaux est énoncé devant Antoine Chanteloube, lieutenant en la baronnie de Saint-Hérem. La véracité des coûts est affirmée sous serment, “la main levée à Dieu”. La maison neuve de Géraud Roux lui coûtera 2766 livres, un prix qui incluait les salaires et la  nourriture des artisans.

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1782 – La maison du notaire Morin au linteau nommé et daté

      Non loin de l’église, une maison porte sur son linteau arqué la date (1782) de sa construction ou de sa rénovation, surmontée des initiales de son propriétaire, gM, vraisemblablement Guillaume Morin, notaire à Compains de 1777 à 1812. Des Morin notaires à Compains, nous y reviendrons un jour, se succédèrent à Compains  depuis le milieu du XVIIe siècle. En 1828 cette maison sera encore occupée par un Morin.

Maison de maître au bourg, datée 1782 et nommée gM

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      Selon des Anciens du bourg, sur son côté ouest, cette maison était flanquée d’une tour carrée dont ne subsiste aujourd’hui que la base encore visible sur la gauche de la photo ci-dessus.

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1782 – A Beauregard, une maison-étable  

  • En plein vent sur la chaux d’Escoufort

      On a vu qu’au Moyen Âge les extrémités nord et est de la seigneurie de Brion étaient gardées par deux lieux, dits Beauregard, terme qui indiquait alors que la vue dégagée y permettait une surveillance efficace. Regard signifie ici “guette” (guet, surveillance) et non belle vue.

      Au nord de la commune,  à 1180 mètres d’altitude, on se trouvait sur la chaux de Beauregard en limite supérieure de l’habitat permanent. La maison isolée est constituée d’une grange-étable prolongée à son pignon nord par une petite maison couverte de lauzes. Un bourrelet de terre la protège partiellement des intempéries. L’habitation s’ouvre par une porte étroite sur la salle commune à peine éclairée par une minuscule fenêtre pour mieux protéger l’intérieur des frimas. Comme souvent, la cheminée est adossée au pignon est.

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Maison-étable de Beauregard

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  • Une maison doublement datée et nommée

      Faute d’avoir pu l’inscrire facilement et visiblement sur le linteau, c’est sur chacun des jambages de la porte qu’apparaissent des marques de propriété et des dates relatives à deux des anciens propriétaires de la maison.

       Le jambage droit porte “1782 Morin”. Ce patronyme, très répandu à Compains ne permet pas d’affirmer que Beauregard a pu être la propriété de Jean-Baptiste Morin, notaire à Compains de 1768 à l’an VII ou même celle de son neveu Guillaume Morin, notaire à Compains de 1777 à 1812 et maire de la commune de 1800 à 1808. Le cadastre de 1828 qualifie le bâtiment de Beauregard de buron et non maison, montrant que son évolution en maison avec cheminée est postérieure à cette date. Il indique comme propriétaire Jean Morin, peut-être un descendant des précédents. Ce Jean Morin possède à ce moment, outre le buron, les 28 hectares de pâtures qui entourent le bâtiment. Quant à la date, 1782, gravée dans la pierre de Beauregard, coïncidence ou pas, elle est identique à celle gravée sur le linteau de la maison qu’habita Guillaume Morin au bourg.

      Le Moniteur d’Issoire nous apprend enfin qu’à l’occasion de la succession de Jean Morin et Charlotte Crégut son épouse en 1905, la propriété du Baguet voisine de Beauregard, qui incluait prés, bois et bâtiments, a été vendue aux enchères à un marchand boucher de Besse par les héritiers des Morin-Crégut. Parmi ceux-ci on trouve Michel Morin époux d’une Verdier, le patronyme que l’on retrouvera gravé quelques années plus tard sur le jambage gauche de la maison de Beauregard sous la forme “l’an 1922 les VERDIERS”. Il semble que, face à l’inscription Morin sur le jambage droit, les Verdier aient voulu affirmer leur propriété (ou la continuité familiale ?) en gravant leur patronyme sur le jambage gauche. Un tel double millésime inscrit sur un bâtiment semble être un cas unique dans le village.

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Buron de La Chavade – Au fond, Le Baguet

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A Marsol, une ancienne maison et son colombier

      Atypique à Compains, la maison de Marsol représentée ci-dessous était dotée à l’étage de plafonds voutés, malheureusement disparus aujourd’hui. Au rez-de-chaussée, une rare cheminée triple orne la pièce à vivre, protégée par des murs d’une épaisseur exceptionnelle. A l’extérieur, un escalier voit ses marches bloquées en porte à faux dans la maçonnerie du mur, une disposition exceptionnelle à Compains où les escaliers extérieurs sont rares.

A Marsol

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      Enfin, autre fait exceptionnel jamais rencontré à Compains, on aperçoit, niché sous la toiture, un petit colombier à trois trous précédé d’une tablette où peuvent se poser les pattes des pigeons. Les trois orifices pratiqués sur la façade de la maison sont des yeubles, de petits trous pratiqués devant le colombier placé sous la soupente pour servir de porte et de lucarne (yeuble, du vieux français véer, dérivé du latin videre, voir).

  • Le droit de colombier

      On sait qu’en Auvergne, le colombier n’était pas l’apanage du seul seigneur. Sous Louis XIII, un arrêt du parlement avait autorisé en 1630 la construction de colombiers sans besoin d’une permission des seigneurs justiciers. Chacun avait donc le droit, à peu près partout, de construire un colombier à sa guise. Chabrol, commentateur de la coutume d’Auvergne peu avant la Révolution, abonde en ce sens : “on a demandé si, en Auvergne, les seigneurs hauts justiciers étaient en droit d’empêcher de construire des colombiers. On sait que, sur cette matière, l’usage varie dans chaque pays. Celui de l’Auvergne est que chacun a droit de construire des colombiers et en la forme qu’il juge a propos. Ce n’est point parmi nous un droit de justice ni de fief”. La maison du bourg où logeait occasionnellement Jean de Laizer lors de ses passages à Compains était elle aussi équipée d’un colombier qui disparut quand on détruisit la maison. Grâce au colombier, on pouvait vendre la colombine, la fiente des pigeons, réputée pour ses qualités fertilisantes.

      Un député de la province d’Auvergne qui discutait de l’abolition des droits féodaux en 1789 constatait : “chez nous…tout vigneron, tout laboureur a un colombier. Le droit n’est pas exclusif et il n’en résulte en Auvergne aucun inconvénient”. Il faut nuancer cette opinion car l’élevage des pigeons ne présentait pas que des avantages. Le Moniteur d’Issoire déplorait en 1926 que, de février à avril, les pigeons dévorent les semences, causant un préjudice considérable aux agriculteurs. Un arrêté préfectoral qui ordonnait la fermeture momentanée des colombiers lors des semis n’était ni respecté par les agriculteurs, ni appliqué par les pouvoirs publics.

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Vers une AMELIORATION du BÂTI

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      La modernisation de l’habitat amorcée sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), se poursuit sous le Second Empire et la Troisième République comme en attestent, on le verra ci-après, les linteaux retrouvés à Compains. Ce renouveau du bâti, dévoilé par les dates inscrites sur les linteaux est caractérisé à Compains par l’apparition de maison nouvelles à étage, parfois dotées de lucarnes, qui changent complètement la physionomie de la commune. Ce style plus urbain qui s’éloigne de l’architecture traditionnelle, se développe au bourg, mais aussi dans certains hameaux.

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1834 – A Belleguette, une maison à étage

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Belleguette – Maison à étage

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1863 – Une ferme aujourd’hui modernisée : la maison d’Antoine Boyer et Michèle Laporte

      Cette ancienne ferme au linteau millésimé 1863, date vraisemblable de sa rénovation, est restée dans la tradition tout en se modernisant. Des chambres éclairées par des lucarnes ont été créées dans la fenière.

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La ferme d’Antoine Boyer (1796-1879) et Michèle Laporte (1803-1891)

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1864 – Le nouveau presbytère

      En 1823, la situation de la maison curiale était décrite à l’évêque par le curé comme particulièrement catastrophique. Les derniers travaux y remontaient à 1787. Depuis cette date la Révolution et les intempéries avaient fait leur œuvre. La neige et les orages avaient pourri le chaume et “il n’est pas un seul point de la maison où il ne pleuve” déclarait le curé qui décrit les planchers vermoulus, les portes et fenêtres qui ne ferment plus ou la cave, incapable de conserver le vin nécessaire au Saint sacrifice. Vieux et malade, l’ecclésiastique considère qu’il vit “dans un affreux bivac” (bivouac).

      La décision de reconstruire le presbytère arrive enfin …. en 1860. Le nouveau presbytère sera construit à l’emplacement de l’ancien “chasteau” du bourg, le pied-à-terre du ci-devant seigneur où il remplacera un chezal. Antoine Boyer, un ancêtre de l’auteure de ce site, avait acquis une partie des bâtiments en 1795 lors de la vente des Biens Nationaux détenus par Jean-Charles de Laizer. Le lieu fut ensuite vendu à Antoine Blancher qui migra à Paris. Les chezals restant seront finalement acquis en 1857 par la commune et le solide bâtiment du nouveau presbytère ne sera terminé qu’en 1864.

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Le presbytère près de l’église Saint-Georges

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      Le bois des planchers et des poutres du nouveau presbytère furent prélevés dans la forêt des Gardes, à Saint-Genès-Champespe. En 1889, lors de sa visite pastorale à Compains, Jean-Rodolphe Beauregard, vicaire général venu suppléer l’évêque, considérait que le nouveau presbytère était très solide et bien distribué. Le bâtiment s’inscrivait pleinement dans le nouveau style plus urbain qu’étaient en train d’emprunter les nouvelles maisons du village, en particulier celles qui devaient accueillir une activité commerciale.

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1887 – La maison de l’épicier Marien Perrière

      Marien Perrière nait en 1846 à Saint-Etienne des Champs (63) en Combraille. D’abord entrepreneur de travaux publics, il s’installe à Compains entre 1881 et 1886 alors qu’on vient de construire la route qui relie le bourg à Brion. Au recensement de 1886, on voit qu’il a épousé Jeanne-Eugénie Champeix, 28 ans, née en 1858 à Pontgibaud. Au recensement de 1891 Marien se déclare “boulanger-épicier” puis en 1896 “négociant en épicerie”. Au recensement de 1901 il est dit “patron épicier”, aidé par son fils Jean-Baptiste Perrière, commis épicier âgé de 20 ans, né à Saint-Jacques d’Ambur (63). En 1906, Jean-Baptiste est devenu patron boulanger au bourg. Son père, retraité, meurt en 1918 alors que son épouse est encore recensée en 1931.

L’épicerie de Marien Perrière au centre du bourg (Carte postale de Gilles Crégut)

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      Dans le but d’y ouvrir une épicerie, Marien Perrière fit construire la vaste maison à étage visible ci-dessus dont le linteau de la lucarne centrale est millésimé 1887. Il se devait de construire des locaux spacieux adaptés aux besoins des nouvelles activités commerciales qu’on pouvait dorénavant développer en profitant des routes devenues plus carrossables et des véhicules automobiles. Fonctionnelle et conforme à son objectif marchand, la maison a perdu tout lien avec l’ancien habitat traditionnel paysan. Les Perrière, voulant valoriser leur commune, firent éditer de nombreuses cartes postales de Compains (voir le chapitre C’était Compains).

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1920 (vers) – Le café-hôtel Tartière-Guittard-Piccini

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Le café-hôtel Tartière-Guittard-Piccini

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      Révélant la modernisation de l’habitat du bourg, cette construction d’aspect  très urbain comme le montre la carte ci-dessus, le café-hôtel Tartière-Guittard-Piccini a succédé à une ancienne auberge tenue par Jean Tartière. Les tenanciers du café-hôtel sont identifiés au recensement de 1901. Il s’agit de Marie Tartière, 31 ans, qui a épousé Adrien Guittard, 25 ans, ancien voiturier à Issoire.

  • La vente de la maison-auberge de Jean Tartière

      Jean Tartière était aubergiste et maréchal-ferrant à Compains à la fin du XIXe siècle. Son fils, Eugène Tartière, était lui aussi maréchal. Sa fille, Anne Tartière, avait épousé Jean Duville, facteur des Postes. Tous habitaient Compains. L’auberge de Jean Tartière était située près du chevet de l’église, à peu près là où on fera construire le solide bâtiment connu sous le nom de café-hôtel Tartière-Guittard. 

      A la mort de Jean Tartière, endetté, ses enfants décident de n’accepter la succession que sous bénéfice d’inventaire. Celle-ci se révélant finalement bénéficiaire, les deux héritiers décident de vendre en 1896 le bien de leur père composé d’un bâtiment constitué d’une “maison servant d’auberge” couverte en chaume (n°555 et 560 du cadastre de 1828), . Ce bâtiment touchait à l’est la forge d’Eugène Tartière et la voie publique. Lors de la vente en 1896, ces bâtiments seront d’abord vendus pour partie à Eugène Mouly d’Egliseneuve d’Entraigues, et au couple Champeix-Tartière. Après surenchère d’1/6e, ces biens seront finalement achetés par Antoine Panchot d’Ardes et le couple Tartière-Verdier (Source : Le Moniteur d’Issoire).

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Près de l’église, une maison cossue

     Maison bourgeoise près de l’église

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      Cette belle construction date sans doute au début du XXe siècle. On a sacrifié à la tradition en installant une couverture de lauzes et, sur le faîtage, des boules, symboles de prospérité. La maison est construite près du presbytère, à l’emplacement du jardin qui, en 1856, appartenait au maréchal-ferrant Antoine Ladevie qui succédait à cet endroit à Jean Morin, lui aussi maréchal en 1828.

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La maison des Babut

  • Une famille de charrons

      Certains artisans, on vient de le voir, pratiquaient la double activité : Jean Tartière  était aubergiste et maréchal-ferrant. D’autres pouvaient être laboureurs pendant les beaux jours et artisans l’hiver. Sous l’Ancien Régime, la profession de laboureur masque souvent l’activité artisanale dans les minutes notariales et il faut attendre les recensements du XIXe siècle pour que l’activité artisanale cesse d’être occultée par celle de “propriétaire” ou “propriétaire exploitant” qui, depuis la Révolution, qualifie le cultivateur dans les textes notariaux.

      Lors du recensement de 1901, Antoine Babut né en 1875 était déclaré propriétaire exploitant. Il avait épousé Marie Chabaud, née en 1878 à Saint-Donat. Marguerite Babut née en 1834 était sage-femme à Compains. Au recensement de 1906, Antoine Babut déclare exercer la profession de charron avant d’être qualifié menuisier ay recensement de 1911, des qualification logiques puisque le charron, pour cercler de ferraille les roues des véhicules attelés devait savoir travailler le bois aussi bien que le métal. Parmi les enfants d’Antoine Babut et Marie Chabaud on trouve Emile Babut, né en 1901 et Jean Babut, né à Compains en 1904. Tous deux sont déclarés charrons en 1921. Un autre enfant, Michel Babut, né en 1910 au bourg exerce en 1936 la profession de facteur intérimaire alors que son frère aîné Jean est toujours dit charron.

      La maison à étage photographiée ci-dessous fut celle du charron Michel Babut. Elle est située un peu à l’écart du bourg près du pont qui franchit la Couze, entre la route actuelle et l’ancien chemin qui escalade la montagne pour conduire à Brion. Certains à Compains se souvenaient que, pour pratiquer son activité, Michel Babut allumait un brasier près du pont pour chauffer le métal et réaliser les cercles métalliques qui devaient entourer les roues des charrettes. Le charron pratiquait encore cette activité avec son frère Jean dans les années cinquante avant que la modernisation des routes et l’évolution des moyens de transport ne rendent sa profession de moins en moins indispensable.

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La maison du charron Michel Babut – Rappel du passé, un étau est planté devant la maison

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      Non loin de sa forge, Michel Babut avait construit le moulin à scie représenté ci-dessous sur une carte postale éditée par Perrière. Au début des années 2000, des Anciens du bourg se souvenaient avoir vu fonctionner ce moulin où chacun venait avec son bois pour le faire scier. Un wagonnet sur rails descendait le bois au moulin.

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  • Le moulin à scie

Le moulin à scie du charron Michel Babut

Carte postale, éd. Perrière (Source : Archives départementales du Puy-de-Dôme)

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L’ancienne Poste

L’ancienne Poste sur la place du bourg

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Le bistrot de Brion d’hier à aujourd’hui

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      Peu d’évolution du bistrot entre l’ancienne photo prise avant-guerre et la photo des années 2000.

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Les LINTEAUX MILLÉSIMÉS et NOMMES

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      Les linteaux qui suivent résultent d’une exploration non exhaustive des hameaux de Compains. Lors de la construction d’une maison, mais aussi à l’occasion de sa rénovation, de nombreux linteaux, réemployés ou non, se sont trouvés datés et flanqués des initiales des époux propriétaires du bâtiment. On trouve généralement ces initiales incisées dans la pierre de part et d’autre du millésime, plus rarement placées d’un seul côté. On remarquera que rares sont les linteaux datés antérieurement à la Révolution.

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En haut : au bourg, lucarne millésimée 1887 de la maison de Marien Perièrre – Au centre gauche : linteau daté 1834 – A centre droit à Chaumiane, linteau daté 1821 – En bas : deux linteaux du bourg datés 1864 et 1851

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      On a vu ci-dessus que seules la maison du notaire au bourg et celle des Verdier sur la chaux de Beauregard, datées 1782, avaient dû être construites ou rénovées sous l’Ancien Régime. L’aisance se faisait sans doute attendre car ce n’est qu’en 1821 qu’apparaissent quatre nouveaux linteaux gravés, le premier sous la Restauration (1821), les trois autres sous la Monarchie de Juillet (1830 et 1834). La majorité de ces linteaux fut donc gravée plus tard, sous le Second Empire et la Troisième République, en des temps où une certaine prospérité faisait son apparition dans quelques familles.

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En haut : à Brion, petit cartouche millésimé 1830 sur le linteau d’une grange – Au centre gauche : C 1874 A – Au centre droit, linteau spiralé portant M 1858 J – En bas à gauche à Belleguette : E 1834 B – En bas à droite : VM 1877

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Maison du hameau d’Espinas au linteau nommé C et M  et daté 1903

Espinas fait partie de la commune d’Egliseneuve d’Entraigues depuis la Révolution

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Les SYMBOLES

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      Toute ouverture, pensait-on, portait en elle une menace, celle de laisser entrer chez soi les mauvais esprits ou, pire encore, le démon. Aussi cherchait-on à se protéger en apposant sur les toitures, sur les linteaux, sur les portes ou sur les volets des fenêtres des symboles destinés à repousser ces indésirables. Ces figurations qu’on rencontre aussi bien sur les maisons que sur les granges, mais aussi sur l’église, (voir le salguebrou qu’on y plaça au XVe siècle), dévoilent un besoin de protection et cherchent à attirer le bonheur et la prospérité sur la famille. Vues sous cet angle, les pentures du XIIIe siècle qui ornent la porte sud de l’église Saint-Georges, bardées de têtes effrayantes, sont selon toute vraisemblance destinées à repousser les mauvais esprits pour qu’ils n’entrent pas dans le lieu saint.

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  • Le salguebrou

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Le salguebrou sur la tour de l’église

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      Fixés sur la pierre ou accrochés sur les bâtiments, on trouve encore quelques symboles protecteurs à Compains de nos jours : losange de porte ou de volet, fers à cheval souvent accrochés sur d’anciens  linteaux de bois, croix, cœur ou spirales ne sont pas rares.

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  • Le losange

Au bourg, portes losangées

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      On rencontre si fréquemment des losanges ou des cœurs percés sur les volets ou sur les portes des granges qu’on a oublié qu’ils ne sont pas placés en cet endroit par hasard ou uniquement pour dispenser leur lumière parcimonieuse à l’intérieur du bâtiment. Il faut se souvenir que ces marques évoquaient, ou évoquent encore, le bonheur, la fécondité et la prospérité qu’on souhaitait attirer sur la maison.

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  • Le fer à cheval

      Toujours apprécié de nos jours, le fer à cheval est considéré comme le porte-bonheur universel, le protecteur de l’habitation des humains comme de l’étable des animaux. Dans les hameaux de la commune, on rencontre des fers à cheval sur les habitations comme sur les granges ou les burons. Les jambes des fers rencontrés un peu partout sont toutes tournées vers le bas, contrairement à l’idée qui voudrait que les éponges, (pointes situées aux extrémités des fers), soient tournées vers le haut “pour que le bonheur ne tombe pas”.

En haut : fer sur un mur du bourg – Au centre gauche : sur une grange à Brion – Au centre droit : au Baguet – En bas : sur une grange aux Cibéroux

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      Le rôle protecteur du fer à cheval renvoie à nouveau à l’église de Compains et aux pentures fixées sur la porte. Ne racontait-on pas aux enfants du village que les pentures de la porte de l’église provenaient des fers de la monture d’un chevalier qui avait défié Dieu en entrant à cheval dans le sanctuaire ? Pour le punir, Dieu avait arraché les fers des pieds du cheval. Ramassés par le maréchal-ferrant de la paroisse qui passait par là, il utilisa les fers servirent pour sculpter les pentures vieilles de 800 ans qui ornent aujourd’hui encore la porte de l’église. Les pentures de l’église Saint-Georges joueraient donc un double rôle protecteur : elles proviennent à l’origine des fers d’un cheval et elles sont dotées de têtes de dragons pour faire reculer les mauvais esprits. 

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  • La croix

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Brion – Maison-Grange-étable surmontée d’une croix

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  • Le cœur

      S’ajoute au caractère utilitaire de ce cadran solaire le souhait d’attirer bonheur et prospérité sur sa famille grâce au cœur au sein duquel il est inscrit.

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Au bourg : cadran solaire inscrit dans un cœur

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      A quelques kilomètres à l’ouest de la commune, le lieu-dit Cisterne (com. Egliseneuve d’Entraigues), semble n’avoir jamais fait partie de la seigneurie de Brion si l’on s’en tient aux textes médiévaux retrouvés pour le moment. Cisterne, qui marquait la limite entre les terres des Bréon et celles des La Tour, était doté d’un lieu-dit La Garde de Cisterne, lieu de surveillance bienvenu en ces montagnes désertes. Non loin, au pont du ruisseau de Clamouze, on trouvait une auberge, étape bienvenue entre Besse et Egliseneuve. Sur les hauteurs qui dominent la rive gauche du ruisseau on découvre une maison dont le linteau – réemployé ou pas – porte pour motif central un cœur inversé surmonté d’une croix et inscrit dans un carré, symbole de l’homme dans son espace terrestre. Le cœur est flanqué d’éléments décoratifs représentant des branches de laurier, une plante considérée comme un symbole de réussite et un talisman protecteur à laquelle on attribuait aussi des vertus curatives.

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Cisterne – Coeur inversé inscrit dans un carré et flanqué de branches de laurier

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      Cœur, laurier, ces symboles figurent parmi les marques de protection les plus courantes quand on voulait attirer sur sa maison la protection divine. Le cœur inversé symbolise le foyer, la croix évoque la fidélité à Dieu qui protège la maison. Le laurier évoquait la puissance et l’immortalité.

Les Costes – Cœur inversé. A droite, semble-t-il, P – L

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QUELQUES INTÉRIEURS

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  • Les lits clos

      Souvent précédés d’un marche-banc, sorte de coffre de rangement, des lits clos sont encore visibles à Compains. Toujours alignés au fond de la salle commune, ils font face à la porte d’entrée.

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Au bourg en 2004

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  • Le “lit de rivière”

      Dans de nombreux contrats de mariage, la future épouse recevait dans sa dot un “lit de rivière”.. Obscure au premier abord, cette expression, selon d’anciens compainteyres, désignait un sommier formé d’une enveloppe de tissu qu’on remplissait chaque année de feuilles mortes ou d’herbes sèches ramassées aux environs. Une Ancienne du village se souvient avoir vu sa grand-mère ramasser à l’automne les feuilles mortes qui serviraient à fabriquer ce sommier naturel qu’on couvrait en guise de matelas d’une “coette” remplie de plumes ou de poils de lapin. Des “linceuils” (draps de lin aussi solides que rugueux), des “cuissins”, une “couverte de laine” ou une “courtepointe piquée d’étoupe à l’usage du pays” complétaient l’ensemble.

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Lits clos aux Costes

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Lits clos à Belleguette

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Lits clos à Brion vers 1955 (Photo de Mme Pételet-Peuch)

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ALLUMER le FEU

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      Sans que ce principe soit respecté partout, l’usage le plus courant était d’appuyer la cheminée de la salle commune sur le pignon est. La cheminée repose sur des piédroits qui flanquent le foyer aménagé dans l’épaisseur du mur. Ils soutiennent un linteau qui, selon les maisons, peut être en pierre ou en bois.

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Cheminée à Belleguette

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      Les “cafinious”, des niches, sont pratiquées dans le mur pour entreposer des objets d’usage quotidien. Dans la cendrière, la cavité la plus vaste pratiquée dans la cheminée, on conservait les cendres qu’on utilisait pour la lessive. Le long du côté gauche de la cheminée ci-dessus, on aperçoit le “cantou”, siège sur lequel on s’asseyait près du foyer.

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Cheminée au bourg

      Au fond de la cheminée ci-dessus on distingue le contrecœur, une pierre volumineuse qu’on encastrait dans l’épaisseur du mur et qui faisait office de plaque de cheminée.

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Aux Costes

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      Ci-dessous, cheminée d’une ancienne maison dont le plafond qui séparait la pièce commune de la fenière a disparu.

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Cheminée au linteau de bois à Brion bas

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       A Marsol ci-dessous, remarquable cheminée au large linteau de pierre de taille en forme d’arc triple surbaissé.

Cheminée à Marsol

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La CUISINE

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  • L’aiguière

      L’aiguière (évier) était taillée dans une pierre monolithique. L’évacuation de l’eau par l’extérieur passait par un conduit en pierre ménagé à travers le mur.

Les Costes – Aiguière et son évacuation extérieure

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Escouailloux – Sortie d’aiguière (2019)

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  • Les travades

Les Costes – Travades entre les poutres du plafond

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      On aperçoit ci-dessus de petites barres de bois, dites travades en langage du pays, placées perpendiculairement entre les grosses poutres du plafond de la salle commune. On y suspendait le lard du cochon.

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Le CONFORT ENTRE dans la MAISON

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      L’équipement de la maison évolua lentement à Compains et il fallut attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour voir certains ménages parvenir à accéder à plus de confort et passer du coffre à l’armoire et au vaisselier. Ainsi, quand Françoise Morin, veuve de Pierre Blanchet propriétaire à Compains vend en 1913 une maison (section C du cadastre parcelle 602) construite après 1828, la maison est décorée de “boiseries, lits, alcôves et buffet adhérents aux murs de la cuisine”.

      Les contrats de mariage, les testaments mais surtout les inventaires après décès décrivent parfois le mobilier présent dans les foyers, reflet de la situation matérielle des familles. Quelle que soit la situation de la famille, pendant des siècles, les effets personnels furent conservés dans des coffres où on resserrait ses biens. Au XVIIe et encore au XVIIIe siècle on trouve parfois la mention d’une garde-robe avant que n’apparaisse progressivement l’armoire. Encore rare dans les sources qui précèdent la Révolution, l’armoire semble ne se répandre à Compains comme à Saint-Alyre-ès-Montagne, que dans la seconde moitié du XIXe siècle. 

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  • Le coffre

      Dans les contrats de mariage retrouvés chez les notaires du XVIIe siècle à la Révolution, la dot de la mariée comprenait presque toujours un coffre, nommé arche quand il contient des provisions. Quand elles sont précisées, les essences de bois sont variées : le coffre, parfois taillé dans du “bois de pierre” (un bois dur) est souvent en “bois de fresne” ou de sapin. Parfois décrit “serruré” par les notaires, le coffre offert par les parents à la mariée était destiné à renfermer les vêtements et “menus linges”, précision que n’omet jamais d’indiquer le notaire, qu’il s’agisse des effets du curé dans son inventaire après décès ou de ceux des époux dans leur contrat.

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  • La garde-robe

      Certains contrats évoquent “une garde robe avec portes fermant à clé”, sécurité qui donnait davantage de valeur à l’objet. A une ou deux portes, en bois de frêne ou de noyer, on trouvait les garde- robes dans les familles qui bénéficiaient d’un niveau de vie plus élevé que celui de la moyenne des familles de la paroisse.

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  • Apparition de l’armoire dans les foyers

      Meuble solide, fait pour être transmis, l’armoire fait une timide apparition au XVIIIe siècle aussi bien à Compains qu’à Saint-Alyre-ès-Montagne. Signe d’enrichissement, surtout quand elle est serrurée, l’armoire n’apparait que tardivement dans les foyers compainteyres où on ne la trouve que chez le curé et dans les familles les mieux nanties de la paroisse.

      Dites le plus souvent “en bois” sans précision d’essence, les armoires comme les coffres sont parfois décrites en sapin, en bois de pierre ou en frêne. Le chêne est rare. Quand elle est plus élaborée, l’armoire est décrite “à deux portes” et surtout “avec tous ses ferrements” ou “ferrée et serrurée” ce qui en augmentait la valeur. A son décès en 1741, Antoine Tartière, modeste journalier au hameau de Graffaudeix, laissait une simple armoire de frêne à une porte serrurée, mais on trouvait plusieurs “hormoires” en chêne et en sapin en 1747 dans l’inventaire après décès du curé de Compains.

      Exception faite du curé, l’un des premiers compainteyres à détenir une armoire semble avoir été en 1777 Pierre Bergier de La Gardette près du hameau d’Escouailloux. La maison de Bergier, bien équipée, comprend un four et “une cave en voute couverte à thuiles” où il conserve des fromages. Souhaitant faire équiper sa maison d’une armoire, Bergier convoque un maître charpentier qui se rend à La Gardette où il fabriquera sur place “une armoire à deux portes, bois de sapin”.

      Les inventaires montrent que la présence d’une armoire n’exclut nullement la possession simultanée d’une garde-robe et d’un ou plusieurs coffres qu’on acquiert au fil de la vie. Dans les inventaires, l’état du mobilier est parfois précisé par le notaire “mauvais” ou “à demi usé”. L’armoire est devenue courante dans les contrats de mariage de la seconde moitié du XIXe siècle. Mariés en 1847, Antoinette Boyer et Antoine Eschavidre reçurent “une armoire neuve à deux portes en bois dur ferrée et serrurée”

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  • L’armoire du grand-père

 

Armoire sculptée vers 1900 par le grand-père de Denise Chanet

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      Il pouvait arriver que le cultivateur consacre les longues soirées hivernales à la fabrication et à la sculpture de son armoire. Ainsi en fut-il de l’armoire à deux vantaux ci-dessus, sculptée vers 1900 par le grand-père de Denise Chanet (née vers 1930).

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  • Le vaisselier et les placards

      Rarement rencontré dans les contrats de mariage ou les inventaires après décès, le vaisselier apparait exceptionnellement en 1723 dans le testament-inventaire d’Antoine Braud où figure “une armoire a deux portes et vaissaillier”, présence qui trahit une certaine aisance de la famille.

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Brion bas – PLacards plaqués contre un mur près d’une cheminée fermée (2019)

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      On mentionnera pour finir les murs couverts de placards au début du siècle dernier dont on retrouve plusieurs exemplaires à Brion de nos jours. Dans la pièce à vivre “placardée” elle aussi, de part et d’autre d’une cheminée  les placards couvrent les murs des salles de séjour.

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AUJOURD’HUI

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      Pleines il y a encore un siècle, nombre de maisons se sont vidées aujourd’hui. Du patrimoine bâti accumulé par des générations que reste-t-il ? En un peu plus d’un siècle c’est tout un patrimoine culturel qui s’est transformé pour s’adapter à une vie plus moderne. C’est à un véritable remuement du bâti traditionnel qu’on s’est trouvé confronté depuis la seconde moitié du XIXe siècle, quand l’amélioration des conditions de vie permit la rénovation de nombreux bâtiments comme l’attestent les dates des linteaux. La construction de nouvelles maison plus modernes suivit, principalement des bâtiments commerciaux de style plus urbain, épicerie, cafés, hôtels, mais aussi administratifs comme la mairie-école et la Poste. Des maisons dédiées aux métiers artisanaux ont disparu comme la maréchalerie, l’atelier du charron ou le moulin à scie.

       Au fil du XXe siècle, l’évolution rapide des modes de vie ancestraux s’est accélérée, précipitant l’évolution du bâti. C’est à un véritable abandon du patrimoine ancien qu’on assiste aujourd’hui. A quelques exceptions près, les burons, devenus inutiles, ont presque tous disparu. Le four de Belleguette est noyé sous la végétation. La modernisation des exploitations agricoles et l’aspiration bien légitime à davantage de confort ont conduit à rénover parfois drastiquement l’habitat traditionnel qui n’était plus adapté au mode de vie actuel. L’eau courante est fort heureusement venue remplacer les puits ou la quête de l’eau à la source. Mais alors qu’on disait qu’à Brion  “chaque maison avait son puits”, combien de ces puits, témoignages d’un passé millénaire, sont-ils encore entretenus aujourd’hui ? Plus récemment encore, la proximité de Besse a attiré à Compains une population saisonnière, bien venue certes, mais dont la préoccupation première n’est pas toujours de respecter ce qui pourrait être conservé et mis en valeur du bâti ancien, sans parler des aménagements intérieurs (disparition des lits clos…). Aujourd’hui il ne nous reste que quelques bribes de la vie d’autrefois. Alors, et sans nous empêcher de vivre, sachons préserver ce qui peut encore l’être du cadre de vie transmis par nos ascendants.

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Tour d’horizon

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La Chavade

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Marsol

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Sur la montagne de Barbesèche

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L’ancien couvent-école

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ASUIVRE